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GLOSSAIRE
Liminaire
Dans son Post-scriptum : Limites et ouvertures du système (2007), Henri Van Lier, indique qu'à la différence de la Physique, la Chimie, ou la Mathématique, où l'on peut faire des tables de définitions très utiles, la discipline anthropogénique rend impossible de telles tables des facultés hominiennes, parce qu'il faudrait pour chacune de ces dernières rappeler l'anthropogénie entière. L'anthropogénie "buissonne" comme la vie.

Le lecteur, ne prendra donc le présent glossaire que pour ce qu'il est, c'est-à-dire un facilitateur de la lecture d'Anthropogénie.
  • Les renvois vers Anthropogénie sont au même format <9X9> que les titres du livre.
  • On notera qu'il est facile de copier le texte du site web dans un ou plusieurs documents pour les parcourir ensuite avec des fonctions de recherche. On peut aussi utiliser le moteur de recherche du site, ou les tables alphabétiques d'Anthropogénie générale.
  • Les phrases entre crochets [...] sont destinées à faciliter la compréhension du texte, mais l'auteur, Henri Van Lier, ne les aurait peut-être pas formulées de cette manière.
Un bon début consistera à lire les descriptions des termes Segment, *Woruld, Thématisation, Distanciation, Indice, Indicialité, Index, Indexation, Technique, avant un éventuel parcours plus systématique du glossaire.

Liste des termes (cliquables)
Cliquez sur un mot ou un concept :

Abduction
Absolu
Affect
Amont (du spécimen hominien)
Analogie
Angle droit
Anthropogénie (vue de l'extérieur)
Anthropogénie (vue de l'intérieur)
Anthropologie
Archimédisme
Art (exercice artistique)
Articulation
Aval (du spécimen homininien)


Cadre
Catastrophe
Champ
Chance (évolutionniste)
Chose
Chose (cause)
Chose-performance
Choses-performances-en-situation-dans-la-circonstance-sur-un-horizon
Circonstance
Civilisation
Coaptation
Communauté
Composition
Concept
Conscience
Corps propre
Cosmogonie
Cosmos / Cosmologie
Croissance
Cybernétique


Danse
Darwinisme
Déduction
Déhiscence
Descriptible
Désignation (langagière)
Destins-partis d'existence
Dialecte
Distance
Distanciation


Education
Effets de champ
Effets de champs logico-sémiotiques
Effets de champs perceptivo-moteurs
Encontre
Environnement
Etat-moment d'univers (Homo)
Expérience
Expérimentation


Fantasme
Fonctionnements
Formants (langagiers)
Forme


Geste
Glossème


Holosomie
Homo
Horizon


Idée
Idéation
Idiolecte
Image
Image détaillée
Image massive
Imaginaire
Imagination
Index
Index chargé / déchargé (purifié)
Indexation
Indescriptible
Indice
Indicialité / Indicialisation
Induction
Instrument


Kasus(Intrapropositionnel, Interpropositionnel)


Langage
Langage détaillé (parlé)
Langage massif (parlé)
Langage parlé
Langue
Latéralisant (corps d'homo)
Logique
Logico-sémiotique


Macrodigital / Macrodigitalité / Macrodigitalisation
Magie
Mathématique (pure)
Mémoration
Mémorisation
Milieu
Mode d'existence
MONDE
MONDE 1 (continu/proche)
MONDE 2 (continu/distant)
MONDE 3 (discontinu)
Mot
Mouvance
Musique
Musique massive
Musique détaillée


Neuronique
Nombre d'or
Notion


Objet
Oeuvre
Orthogonalisant (corps)
Outil


Panoplie
Partition-conjonction
Peinture
Perceptivo-moteur
Perçu-mu
Performance
Perspective
Philosophie
Phonème
Plan transversal
Plasticien / plastique / plasticisme
Point de vue
Point de vue sur l'/d'Univers
Possibilisation
Prégnance
Présence
Présentivité
Processus
Protocole


Réalité
Réel
Référentiels primordiaux
Rencontre
Représentations corporelles endotropiques fantasmatiques
Rite (hominien)
Rituel / ritualisation (animal)
Rythme
Rythme (distribution / démultiplication)


Saillance / Prégnance
Schéma
Schème
Segment
Sémiotique
Sens
Séquencème
Signal
Signe
Signe plein
Signe vide
Signification
Situation
Société
Sous-cadre
Stade
Stance
Stimuli-signal
Stimuli-signe
Strate
Structure
Sujet d'oeuvre
Syllabe
Synodie (synodie neuronique)
Syntaxe
Syntaxe (et logique) massive
Systématique (Substantif)
Systématique (Adjectif)

Système
Systémique (Adjectif)
Systémique (Substantif)


Technème
Technique
Tecture
Terme
Texture
Thème / Thématisé / Thématisation / Thématiseur
Théorie
Théorie des choses
Ton musical
Ton vocal
Topologie
Topologie différentielle
Topologie générale
Tout formé de parties intégrantes
Trait ou Trait-Point
Transversalisant (corps d'Homo)


Ultrastructure
Univers
Ustensile


Vagation
Vêtement


*Woruld


X-même

Description des termes

 

Abduction

L’abduction est une forme d’inférence plus ancienne que l’induction et la déduction. L’induction induit à partir de faits. La déduction déduit à partir de lois. L’abduction (ducere, ab), court d'indices en indices (voir ce terme). C'est l'abduction que pratique du matin au soir le berger qui cherche la brebis perdue, le détective qui relève les taches de sang sur le plancher <4C1>. C’est elle aussi la première inférence pratiquée par Homo. Déjà, le langage massif (voir ce terme) aurait permis des abductions. Mais il aurait fallu attendre le langage détaillé (voir ce terme) pour permettre les inductions et déductions <4C2>. L'abduction indicielle, ancienne de plusieurs millions d’années (2MA ?), porte déjà en elle une expérience originale prometteuse, mais elle ne porte pas encore l'expérimentation (voir ce terme), beaucoup plus féconde et récente. Les logiques du MONDE 1, privilégient les raisonnements de proche en proche, par abduction. (Voir aussi les termes induction, déduction et MONDE 1).

 

Absolu

Ce qui se délie du reste (absolutus, solvere, délier). L’auteur parle notamment de :
  • Signe absolu <18J>, tel qu’une image, une musique, un mot, un geste capable d'invoquer un absolu, ou de transformer ce qu'il exprime en absolu. Par exemple la croix, le tchi ou le mandala.
  • Mathématiques, comme théorie générale des indexations pures, et pratique absolue [déliée] des index purs <19début>.

 

Affect

Etat de l’organisme, et du cerveau : plaisir, attirance, douleur, peur, colère,…. L’auteur s’y intéresse dès le chapitre 2 d’Anthropogénie, consacré au cerveau. A la différence des computers techniques, le cerveau d’Homo est capable d’affects qu’il peut lisser/neutraliser, ou entretenir par le rythme. Homo est capable aussi de « possibiliser » ses affects et de dépasser alors ceux de l’animal. Chez Homo, par exemple, le plaisir (animal) peut être étendu et réinventé, en plaisirs, jouissance, joie, et la douleur (animale) peut être modulée en chagrin, et tristesse.

 

Amont (du spécimen hominien)

L’auteur décrit le spécimen hominien comme un système formé de deux parties : une partie amont et une partie aval <11>. [L’amont est la partie invisible, la nappe phréatique. L’aval est la partie visible, le bassin fluvial]. L’amont du spécimen hominien comprend notamment les schèmes corporels, le corps propre, les représentations corporelles endotropiques fantasmatiques. L’aval comprend toutes ses réalisations. L’amont est abordé aux chapitres 11 et 30. L’aval est abordé dans les 28 autres chapitres d’Anthropogénie.

 

Analogie

L'analogia (logos, ana) établit l’apparentement par une remontée (ana) à des traits communs (logos) <9A>. La similitude-ressemblance en est un cas particulier. Par exemple les segments sculptés de la Vénus de Lespugues sont en analogie avec ces segments corporels que sont des mollets, des cuisses, un ventre, des seins, des bras <14A1>.

Le terme analogie apparaît dès le chapitre 2 d’Anthropogénie à l’occasion de la différence entre les computers analogiques qui résolvent les problèmes en mimant leurs données (par un circuit électrique ou chimique), et les computers digitaux qui résolvent les problèmes par une suite de décisions 0/1. A la fois analogique et digital (plus exactement macrodigital), le cerveau d’Homo a les ressources d'un computer hybride <1A2e>. Tout au long des chapitres on retrouve le couple analogie / macrodigital. Les indices sont surtout analogiques, tandis que les index sont surtout digitaux. <5F>. Les images massives sont des représentations surtout analogiques <9C2>, avec de premières incarnations stables de macrodigitalité (cas du biface) <9D>. Etc.

On notera que l’analogie concerne le « cela » qu’elle évoque, alors que la macrodigitalité concerne aussi bien le « cela » que le « non-cela ». (Voir aussi le terme « Image »).

 

Angle droit

Nous sommes entourés d'angles droits (murs, portes, fenêtres, écrans, etc.). Pourtant l'angle droit n'existe pas dans la nature. L'auteur écrit " Avant Homo il n'y a nulle part dans notre Univers un seul angle droit, ni même un seul angle quelconque qui soit un peu soutenu, tendu, décidé, du moins dans des dimensions d'espace et de temps praticables (pour ne pas faire intervenir les spins de la mécanique quantique). Par contre, avec des angles soutenus et réglables, dans des dimensions praticables, tout découle. D'abord la Technique opérative, mais bientôt aussi la Sémiotique, par désopérativité des relations (et des références) techniques. " (Voir 5D, Limites et ouvertures du système, Post-Scriptum). Ainsi Homo peut-il être défini comme le primate anguleux (angularisant, orthogonalisant, latéralisant, transversalisant. (Voir aussi la vidéo Vision de l’Homme dans l'Univers).

 

Anthropogénie (vue de l’extérieur)

L'Anthropogénie peut être présentée comme une macroHistoire darwinienne (gouldienne) des "équilibres ponctués d'Homo", particulièrement en ses "sciences humaines". A macroHistory in a Darwinian way.

L’Anthropogénie peut être vue comme une théorie des choses. Elle est systématique comme une théorie. Elle s’intéresse à des choses bien identifiée : la constitution d’Homo, les accomplissements d’Homo, la macro-histoire d’Homo. Elle s’appuie pour cela sur un petit nombre de concepts : segment, panoplie, protocole, thématisation, indicialisation, indexation. Et elle situe ces concepts dans un petit nombre de référentiels primordiaux : topologie, cybernétique, logico-sémiotique, présentivité. Bien sûr Anthropogénie introduit nombre d’autres notions telles que le rythme, la partition-conjonction, réductibles toutefois sans doute aux précédentes].

De l’extérieur l’anthropogénie peut être présentée comme le fondement manquant des sciences humaines. [Sur quoi, en effet, fonder les sciences humaines sans formuler d’hypothèses quant à l’origine et à la constitution d’Homo ?]. En histoire, par exemple, l'anthropogénie apporte une historicité d’un autre ordre que celle des événements (souvent imprécis), en se fondant sur l’historicité des destins-partis d’existence, dont les MONDE 1, 2 et 3 (voir ces termes) sont des exemples accessibles, perceptibles, observables. Dans le domaine de la phénoménologie, pourtant à distance des sciences exactes, elle apporte également les mêmes fondements accessibles et perceptibles (topologie, cybernétique, logico-sémiotique, et fonctionnement/présence) qu'Anthropogénie appelle "destin-parti d’existence". Enfin, en mathématique, hors des sciences dites humaines, elle apporte une définition de la mathématique comme « théorie générale des indexations pures et pratique absolue des index purs » qui la situe bien dans la constitution d’Homo. <Post-scriptum>

 

Anthropogénie (vue de l’intérieur)

De l’intérieur, le terme anthropogénie désigne « la constitution d’Homo comme état-moment de l’univers, et la discipline qui a cette constitution pour thème ».

Partant de cette définition, l’auteur estime que toute anthropogénie doit considérer un certain nombre de points telles que : le corps d’Homo et ses virtualités d’organisme transversalisant, orthogonalisant, latéralisant ; le cerveau très endotropique qui l’accompagne ; le couple des indices et des index privilégié à cette occasion ; la possibilisation, comme caractère hominien le plus général ; la thématisation des effets de champ perceptivo-moteur et logico-sémiotique ; la distinction universelle primordiale fonctionnement/présence (vs conscience/monde), les statuts complémentaires des images (plus éclatées) et des musiques (plus obligées) ; le langage compris comme la spécification (non la représentation) d’un environnement technico-sémiotique, et d’abord comme une phonosémie manieuse ; la suite logique des trois « MONDES » : continu-proche, continu-distant, discontinu. <24D1>.

Dans son dernier chapitre (chapitre 30) l’auteur va même jusqu’à s’interroger sur Homo, comme « système » susceptible d’apparaître en d’autres endroits de l’Univers, et il écrit « il y a un sens à se demander si tous les systèmes de l'Univers à mesure qu'ils se compliquent et se complexifient ont tendance à devenir, dans des aires de jeu ressemblant à celle d'Homo, techniques et sémiotiques, indicialisants et indexateurs, imagiers et langagiers, intergestuels et présentifs, producteurs d'oeuvres conformes et extrêmes, thématisant des effets de champ statiques, cinétiques, dynamiques, excités, voire à être transversalisants et à donner des Xmêmes. »

[L’anthropogénie aborde la constitution d’Homo à partir de son corps et de son cerveau, tels qu’ils se sont formés il y a 1 ou 2 millions d’années. Sa démarche est différente de celle de l’anthropologie (voir ce terme) qui, elle, aborde frontalement la nature hominienne, avec les concepts d’aujourd’hui.]

[En résumant beaucoup, Anthropogénie identifie Homo comme un animal particulier qui est non seulement TECHNIQUE, SEMIOTIQUE, et POSSIBILISATEUR, mais aussi PRESENTIF, et doté d’un X-MÊME.]

 

Anthropologie

Discours qui a pour objet frontal la nature hominienne. Lorsque ce terme a commencé à signifier « le discours sur l’homme », il visait une essence humaine supposée connue, dont les trois Anthropologies (théorique, pratique, morale) de Kant envisagèrent les implications essentielles. Ce n’est qu’autour de 1900 que l’anthropologie devint la recherche de ce qu’Homo est, osant se demander même si il a une essence. <24C>. Ne pas confondre avec l’anthropogénie (voir ce terme).

 

Archimédisme

L'éclat d'Archimède (vers 250 avant notre ère) a consisté à retenir dans la Physis (engendrement généralisé) ce qui y était indexable par des index purs ou déchargés, et à concevoir la théorie des choses comme un ensemble cohérent d'indexations pures des indexables purs. Archimède rompait ainsi avec le plasticisme, et créait en quelque sorte notre physique <21D1>. Par exemple :
  • Archimède retient dans la physis (engendrement généralisé) des choses (causes) telles que des poussées, des volumes, des masses, qui sont indexables,

  • Archimède saisit des causalités entre les choses (par exemple entre le volume d’un corps et le volume d’eau déplacé par ce corps),

  • Archimède conclut que les relations entre les choses (indexables, indexées, ou index) rendaient compte et raison des phénomènes (de la physis) d’une manière beaucoup plus opératoire que les harmonies pythagoriciennes, les formes exemplaires platoniciennes, les attractions appétitives aristotéliciennes.
Mais, à peine né, cet instrument d’efficacité technique stupéfiant (l’archimédisme) disparaît du centre de la scène, laissant place au plasticisme géométrique de Platon, et au plasticisme topologique d’Aristote. L’archimédisme ressurgit ensuite vers 1600, avec la Renaissance.

Aujourd’hui, la science n’est plus archimédienne, en particulier la biologie, où l’évolution résulte iniquement « aveuglément » (sans pré-vision, sans intention) d’une séquence sélectionnée « après coup » par l’efficacité de ses résultats.

Mais l’imaginaire archimédien reste bien vivant. Nos scientifiques s’intéressent encore et toujours à des choses « indexables », et plus largement à des index, à des indexés, et mêmes à des indexations (cérébrales).

[Anthropogénie participe pour beaucoup de l'imaginaire archimédien.]

 

Art (exercice artistique)

L’auteur décrit l’exercice artistique, ou l’art, à partir de deux notions : les effets de champs excités (voir ce terme) et la compatibilisation de ces effets de champs. Il souligne la différence entre l’exercice artistique et l’exercice technique qui, lui, évite les effets champs excités [indescriptibles]. La technique, en effet, suppose des délimitations précises de l'objet et du geste. L'auteur écrit « Qu'il s'agisse de leur calcul, de leur suggestion, de leur pratique, les effets de champ excités engagent une compatibilisation (rythmique) des incoordonnables (mathématiques). Cette compatibilisation est une des dimensions et des activités-passivités les plus constantes et les plus archaïques d'Homo. On peut l'appeler l'exercice artistique, ou l'art, lequel est alors entendu dans le sens large où il envahit tout ou presque ». <7G>.

Et, lorsque l’auteur s’intéresse au cas de l’art majeur, ce sont les effets de champs qui l’emportent. Ainsi il l’écrit « c'est l'imaginaire qui porte les œuvres artistiques majeures, s'il est vrai que dans celles-ci le désigné de la perception ou de l'imagination (par ex., un couronnement de la Vierge) est accompagné d'effets de champ parfois si puissants qu'ils en sont le véritable thème ». <7J>.

 

Articulation

Liaison entre deux ou plusieurs éléments. Par exemple la jointure entre des os (genou, poignet, cheville). Par exemple aussi la jointure entre deux traits (un angle). L’auteur consacre sept chapitres d’Anthropogénie aux articulations. Le chapitre 11 – Articulation du spécimen hominien et les chapitres 25 à 30 consacrés aux Articulations sociales. Le chapitre 11 conclut les onze chapitres consacrés aux bases du système hominien, et s’interroge sur la manière dont ce système hominien très « possibilisateur » peut s’articuler, sans se disloquer. Les chapitres 25 à 30 concluent Anthropogénie et parcourent les différentes façons dont Homo articule ses systèmes sociaux, malgré tout ce qui pourrait les disloquer. L’articulation et l’angle occupent une place importante dans Anthropogénie. Homo y est défini comme le primate anguleux.

 

Aval (du spécimen hominien)

Voir le terme « Amont (du spécimen hominien) ».

 

Cadre

Le vrai cadre, figure géométrique quadrangulaire cernant une figure, sera l’invention du néolithique. Il ne faut pas le confondre avec le quadrillage qui n’enferme rien, n’encadre rien. <14A11> Le cadre est à la fois un index (signe extérieur, exotropique) et un référentiel d’indexation (interne au cerveau, endotropique) <5G1>. Le cadre se situe dans la suite pré-cadre, cadre, sous-cadre à laquelle se réfère régulièrement Anthropogénie.
  • Le pré-cadre naît au Paléolithique. La ligne remarquable (d'échine, de ventre, etc.) à partir de laquelle sont construits et différenciés certains animaux peints dans les grottes sont déjà un référentiel, un pré-cadre, mais pas encore un cadre.

  • Le cadre délimite, ferme, sépare. Il naît au Néolithique. Homo devient alors sédentaire (élevage, culture). Il construit des villages. La mitoyenneté des habitations incite à construire des murs verticaux, se croisant selon des angles, dont le plus efficace était l’angle droit. Ainsi le mur et le sol commencèrent à se carrer, à se cadrer (quadrare). Le sanctuaire de Çatal Hüyük, qui nous propose son cadrage tectural du sol et du mur, dresse aussi sur une de ses parois un cadrage imagétique, c'est-à-dire un rectangle tranché contenant une figure.

  • Le sous-cadre imbrique, emboîte, divise. Il naît dans les empires primaires (Sumer, Egypte, Inde, Chine, Olmèques, Maya, Aztèques) qui s’organisent en parcelles, cantons, provinces, empires, c’est-à-dire en « sous-cadres » s’emboitant dans des cadres de plus en plus grands, ou inversement. Avec une tendance chez Homo à descendre du cadre au sous-cadre. Ces cadres, et sous-cadres permettaient d’imposer à des populations considérables un parti d’existence commun (topologie, etc.). Dans les images le sous-cadrage introduit la composition, ou art de poser ensemble (ponere, cum) plusieurs éléments.

  • Le multicadre naît au début du 20ème siècle avec la bande dessinée.

 

Catastrophe

En topologie différentielle une catastrophe est un saut de forme à forme, commandé par une singularité. René Thom obtint en 1958 une médaille Fields pour avoir montré qu’en topologie différentielle il y avait des catastrophes élémentaires en nombre limité, sept en tout : le pli, la fronce (catastrophe de Riemann), la queue d’aronde, le papillon, les trois ombilics hyperbolique, elliptique, parabolique.

L’auteur s’intéresse à la topologie [cœur de la géométrie] comme à l’un des quatre référentiels dans lequel s’inscrivent tous les choix et accomplissements d’Homo. Pour mémoire, ces quatre référentiels sont la topologie [pour l’espace choisi-perçu], la cybernétique [pour le temps choisi-perçu, les interactions], la logico-sémiotique [pour les liens entre segments d’espace et/ou de temps], et la présentivité (voir ces quatre termes).

 

Champ

Un champ est caractérisé par des effets d’attraction et de répulsion. [Champ gravitationnel, électrique, magnétique, mais aussi champ logico-sémiotique]. [Par exemple, face à un rayon de supermarché, Homo est confronté à des milliers de signes (couleurs, emballages, tailles, textures, logos, prix, photos (plutôt indicielles), schémas (plutôt indexateurs), etc. Il est en quelque sorte « plongé » dans un champ logico-sémiotique, générateur d’effet d’attraction ou de répulsion.] Anthropogénie s’intéresse peu aux champs proprement dits. Elle s’intéresse surtout aux « effets de champ » (voir ce terme).

 

Chance (évolutionniste)

Le terme « chance » fait l’objet d’un développement au titre <6D> du texte De la métaphysique à l’anthropogénie. Parmi tous les types de « chances » auxquels l’Occident s’est intéressé, la « chance évolutionniste » est celle qui présente le plus d’intérêt pour l’anthropogénie. Cette « chance évolutionniste » correspond par exemple à l’événement qui conduit au passage des acides aminés aux protéines, ou à celui qui conduit aux états des neurones d'un cerveau, moyennant leurs connexions et déconnexions.

Cette forme de « chance » tranche avec toutes les précédentes (en Occident du moins). Jusque-là la « chance » était le résultat d’un modèlement. Mais aujourd’hui, avec la biologie récente (et pas seulement la paléobiologie) sont apparues des formations (Gestaltungen) qui résultent de séquences et de reséquenciations (d’acides aminés notamment), et pas seulement de modèlement.

 

Chose

Elément quelconque en tant qu’il mérite l’intérêt d’Homo et par là crée un événement, ouvrant un champ d’indicialité appelant des indexations. <21A>. Voir aussi les termes:
  • Chose (cause)

  • Chose-performance

  • Choses-performances-en-situation-dans-la-circonstance-sur-un-horizon

 

Chose (cause)

L’auteur associe fréquemment « chose » et « cause ». La langue française aussi. Elle parle de « chose » ou « affaire » à propos de n’importe quel « objet physique » ou « causalité mentale ». L’auteur y voit une manifestation d’Homo technicien indicialisant, pour qui tout segment est à la fois technique et indiciel (en lien de causalité). Il écrira alors souvent choses (causes) [chose en lien de causalité] pour rappeler cet enjeu anthropogénique fondamental <4D>. Rappelons que l’auteur présente l’indice comme le signe primordial, le premier élément de la sémiotique. Mais attention à ne pas confondre Homo technicien indicialisant avec son prédécesseur Homo technicien tout court (pas encore causal).

 

Chose-performance

Chose associée à une réalisation. Les performances d’Homo sont toujours associées à des choses. [En pratique une performance correspond à un verbe : chasser, parler, danser, etc.] Au départ, les choses-performances sont elles-mêmes indissociables de situations, circonstances, horizons. Et, ce ne sera que progressivement qu’Homo sera capable de comparaisons, de métasystèmes, de métareprésentations qu'on appellera parfois "idées" ou "concepts". Et, ces neutralisations-comparaisons cérébrales lui permettront alors de manier des choses-performances indépendamment de leurs situations, de leurs circonstances, de leurs horizons <2B2>.

 

Choses-performances-en-situation-dans-la-circonstance-sur-un-horizon

Toutes les actions-passions et les états d’Homo concernent des choses-performances-en-situation-dans-la-circonstance-sur-un-horizon. Cette formule, lourde mais nécessaire, sera une clé permanente d’Anthropogénie, qu’il s’agisse de comprendre le fonctionnement de l’image, du dialecte, de l’écriture, de la logique, de la musique. <1B3>. Dans cette expression, les mots situation, circonstance et horizon ont des significations précises (voir ces termes).

A force de travail de réorganisation neuronales synodiques, appelé mémoration <2B2> Homo dégagera progressivement ce que certaines philosophies appelleront un jour, selon leurs cultures, des abstractions (trahere, ex), des concepts (capere, cum), des idées (eidos, figures visualisables stables). Homo pourra alors manier des choses-performances indépendamment de leurs situations ; des situations indépendamment de leurs circonstances ; des circonstances indépendamment de leur horizon. Et inversement, des horizons indépendamment de circonstances, des circonstances indépendamment de situations, des situations indépendamment de choses performances. C'est sans doute tôt que les spécimens hominiens commencèrent à avoir une mémoire factuelle, une mémoire abstractive, une mémoire circonstancielle, en des proportions extrêmement variables selon chacun <2B2>.

 

Circonstance

Ce qui entoure une situation (Voir ce terme). L’auteur utilise toujours (ou presque) le terme circonstance dans des expressions composées telles que circonstance-sur-un-horizon, situation-dans-la-circonstance, choses-performances-en-situation-dans-la-circonstance, choses-performances-en-situation-dans-la-circonstance-sur-un-horizon, etc.

 

Civilisation

Pour Anthropogénie, une civilisation est un groupe important d'hominiens qui se caractérise par une topologie particulière (pour ses relations à l’espace), une cybernétique particulière [pour ses interactions, régulations dans le temps], une logico-sémiotique particulière (pour sa pratique des signes), une présentivité particulière (pour la place qui y est faite à la présence-absence). Somme toute, une civilisation est un destin-parti d'existence collectif (voir ce terme) de grande ampleur. Elle est déterminée par des géographies, des climats, des techniques, des traits ethniques. Et finalement, chaque civilisation pénètre si intimement les individus et leurs institutions, que ceux-ci lui appartiennent tout entiers, presque inconsciemment, sauf au cours des conflits avec les civilisations périphériques, jugées « barbares ». < Titre 9, De la métaphysique à l’anthropogénie (2006)>

 

Coaptation

Adaptation, ajustement réciproque. Par exemple, il y a coaptation entre le nid (ou terrier) et le corps de l’animal, entre les organes sexuels, entre le tenon et la mortaise, entre l’outil et l’objet à travailler, entre l’outil et l’artisan qui le fabrique ou qui l’utilise. Certaines analogies sont coaptatives, d’autres sont directes <9B(a)>. Il y a aussi coaptation dans la partition-conjonction (Voir ce terme).

 

Communauté

Une communauté n'est pas encore une société (voir ce terme). Pour l'auteur "La communauté définit les conséquences groupales qui résultent des charges communes (munus, cum) d'Homo tranversalisant, et une anthropogénie la découvre en même temps que le *woruld" (voir ce terme). Chronologiquement la communauté hominienne suppose un milieu déjà technicisé (*Woruld). Par contre elle ne suppose pas encore un milieu sémiotisé, comme ce sera le cas pour la société (voir ce terme).

 

Composition

Art de poser ensemble plusieurs éléments. Composer c’est ordonner et insérer par rangement, étagement, imbrication, ou encore procession activant les glissements et chevauchements de rangées les unes devant ou derrière les autres, et cela à partir d’un principe surplombant l’immobile. <14E>. La composition apparaît au Néolithique.

 

Concept

Ne pas confondre avec Idée et Notion. Un concept est un contenu cérébral endotropique. Voici ce qu’en dit Anthropogénie en prenant l’exemple d’un désigné prononcé /cheval/, auquel correspond un désigné concret cheval, et un contenu cérébral endotropique *cheval*. Dans cet exemple :
  • Idée, qui renvoie à eidos grec, conduit à faire croire que *cheval* est un contenu mental défini et définissable, et quasiment exemplaire, dans la mouvance de l'exemplarisme et du réalisme platonicien, ou du moins du réalisme aristotélicien ; réalisme veut dire alors, comme dans la Querelle des Universaux, que /cheval/ renvoie dans cheval à quelque chose de stable, clair et distinct ; c'est bien dans ce sens que Peirce, qui se réclame de Duns Scot, entend le terme.

  • Concept, qui dérive de capere-cum latin (prendre ensemble), a le mérite de suggérer que chaque contenu endotropique est fait de synodies neuroniques reliées à d'autres synodies innombrables en un réseau à la fois clivé et commutant.

  • Notion, qui renvoie à noscere, verbe inchoatif, signale ce qu'il y a de génétique, de provisoire, d'expérimental (angl. tentative) dans tout contenu endotropique.
[Pour Anthropogénie, un concept est donc un contenu cérébral, qui correspond par exemple à un mot /cheval/, à une image, à une création musicale, à des index mathématiques, et de manière générale tout type de signe (indices, index, etc.).]

Au chapitre 5 l’auteur précise qu’il est vain de se demander si la conceptualisation précède l’expérience ou si l’expérience précède l’indexation. Et, il écrit « la question est peut-être mal posée, tant les index, surtout quand ils s'appliquent à un champ d'indices (les "choses" du *woruld indicialisées par la segmentarisation technique), enfantent à la fois des expériences et des conceptualisations <5H3> ». Pour lui l’expérience et la conceptualisation naissent donc ensemble de l’indicialisation, qui elle-même est le fruit de la segmentarisation technique.

 

Conscience

Notion familière, où présence (apparitionnalité) et connaissance (fonctionnements) sont plus ou moins liées, additionnées, confondues. Henri VAN LIER s’intéresse à la conscience sous un angle historique (Malbranche, Locke, Hamilton, Sartre) mais considère la notion comme peu utile pour une anthropogénie. Elle est à la fois récente (17ème siècle), très occidentale, et imprécise. Sa définition la plus proche de son sens actuel serait celle de Hamilton, pour lequel CONSCIENCE = CONNAISSANCE (descriptibles) + PRESENCE (indescriptible). Mais, c’est à Sartre que reviendrait la gloire philosophique d’avoir pointé la PRESENCE dans la CONSCIENCE, dans L'être et le néant en 1943, en particulier dans II,ch.3,I-II-III, où le mot PRESENCE apparaît des dizaines de fois au sens où Henri VAN LIER le prend, c'est-à-dire d'apparitionnalité, de phénoménalité, de présentialité.

 

Corps propre

Les trois éléments clés de l’amont du spécimen hominien sont les schèmes corporels, le corps propre, et les représentations corporelles endotropiques fantasmatiques.

Le terme de corps propre a été inventé pour désigner ce que l'existentialisme français a appelé le corps-pour-soi, par opposition au corps-pour-autrui. Le corps propre appartient à tous les animaux supérieurs, mais il n'est thématisé que chez Homo, dont le cerveau endotropisant, possibilisateur, distanciateur peut dégager, souligner, prolonger ce qui, chez les autres vivants, n'est qu'une composante fugace entre l'objet de la performance et la performance même, ou sa virtualité <11C>.

Le corps propre peut être thématisé par la caresse <11C1>, et la réserve <11C2>. L’auteur considère le corps propre comme l’un des trois éléments [invisibles, et indescriptibles] de l’amont hominien, que sont (1) le schème, (2) le corps propre, (3) les représentations endotropiques fantasmatiques du corps, dont découlent les éléments [visibles] de l’aval hominiens, et notamment tous ses « fonctionnements » décrits dans les 10 premiers chapitres (1) Corps technique et sémiotique, (2) Cerveau endotropique, (3) Rencontre, (4) Indices, (5) Index, (6) Possibilisation, (7) Effets de champ, (8) Fonctionnements / Présence, (9) Images massives, (10) Langage massif.

 

Cosmogonie

Une cosmogonie consiste à créer des objets qui, par les moyens de l'art, font écho aux cosmologies (scientifiques) d'une époque.

 

Cosmos / Cosmologie

Ne pas confondre avec Univers ou avec Cosmogonie (voir ces termes). Le mot grec kósmos renvoie à l’idée d’ordre, et même d’ordre préétabli. Anthropogénie parle du Cosmos de manière ponctuelle : à propos des substitutions cosmologiques des sacrifices tribaux ; à propos du mouvement (ordonné) des planètes ; à propos des empires primaires (en Egypte et en Chine) où la danse a été la réalisation suprême de la discipline sociale reflétant celle du cosmos ; à propos du « tout », que les Grecs appelèrent cosmos, et les Latins mundus ; à propos de l’architecture grecque où le *woruld devint le cosmos, un ordre rationnel, c'est-à-dire une tecture ultime entièrement démontable et remontable selon des règles de géométrie et d'arithmétique transmissibles par un discours explicité, le logos.

 

Croissance

Anthropogénie utilise ce terme pour viser les croissances qui résultent de phénomènes de polymérisation naturels (croissance d’un arbre, ou organisme naturel) ou artificiels (processus chimique). Les modes de formation de ces croissances sont très différents de ceux des structures et des textures. Le passage d’une vision du monde par structures et textures à une saisie de l’univers par croissance (polymérisation) est la révolution anthropogénique majeure du XXème siècle. <7F>. [Rappelons que l’auteur considère que les productions d’Homo sont de trois types : les structures, les textures, les croissances (voir ces termes)].

 

Cybernétique

[Science de la régulation.] Anthropogénie s’intéresse à la cybernétique comme l’un des quatre référentiels qui permettent de décrire le destin-parti d’existence d’une époque, un peuple, un individu, un artiste. Elle puise dans la cybernétique ses taux de réaction négative/positive (donc de feedback-rétroaction/emballement). Mais Anthropogénie y voit aussi des taux de soumission/bluff, jeu/sérieux, exploration/coquetterie, affrontement/isolement, rêve/rêverie. <8H>.

Les cybernéticiens parlent, depuis 1950, de « degrés de liberté » d'une machine ou d'un processus.

L'auteur ajoute que la science aujourd’hui constate que l’Univers vivant dépend moins de façonnements [topologiques], lesquels ont des degrés de liberté plutôt réduits, que de (re)séquenciations [cybernétiques], par exemple, entre acides aminés et protéines, capables de susciter des myriades de degrés de liberté cybernétiques. <De la métaphysique à l’anthropogénie (2006), 6C1 >

Il ne serait pas surprenant qu’à l’avenir Homo devienne de plus en plus cybernéticien <Thèse 42, Tour de l’homme en quatre-vingt thèses>.

[Dans Anthropogénie, la cybernétique est au TEMPS, ce que la TOPOLOGIE est à l'ESPACE].

 

Danse

Anthropogénie considère la danse comme la thématisation du geste. <15B12>. Mais dans sa thématisation, la danse ne se contente pas de croiser toutes les sortes de gestes. Elle se meut inlassablement de l’intergeste (réglé) à la gesticulation (inchoative). <11H4>.

 

Darwinisme

Vers 1850, l'Evolution selon Darwin (darwinisme) supposa trois facteurs : (1) une variation spontanée très forte des vivants ; (2) une sélection des variétés viables par le milieu ; (3) une adaptation au milieu, non plus préliminaire comme chez Lamarck, mais consécutive.

L’auteur souligne que Darwin était très conscient de l'extrême rapidité de la variabilité vitale requise par sa théorie, même si en raison du plasticisme invétéré d'Homo, ce fut la sélection adaptative, plus que la variation, qui frappa les esprits. <21G3>.

Anthropogénie participe du darwinisme. L’ouvrage est d’ailleurs sous-titré « Un darwinisme des sciences humaines ».

 

Déduction

La déduction déduit à partir de lois (règles). Les logiques du MONDE 2, privilégient la déduction. Ces logiques sont construites à partir de grand principes, dont découle, par le logos (le discours), ce qui est digne d’intérêt. Ces logiques sont conçues comme des « touts formés de parties intégrantes », où chaque PARTIE (chaque proposition) doit respecter des règles applicables au TOUT, par exemple la « règle du tiers exclu » et la « règle de la conséquence vraie ». (Voir aussi les termes abductions, induction, et MONDE 2.)

 

Déhiscence

[En biologie, il s’agit de l’ouverture brusque d’un végétal (fruit) arrivé à maturité, selon une ligne déterminée, pour livrer passage à son contenu. Ce terme désigne aussi un point d’éclatement ou de dislocation.] Anthropogénie l’utilise au chapitre 27 consacré aux vies multiples d’homo pour évoquer homo traversé de déhiscences [dislocations] et les huit grandes manières dont Homo peut affronter ses déhiscences <27>, les colmater <27A>, les réparer <27A2>, les franchir <27D>, les survoler <27D2>.

Le rythme est une des réponses d’Homo aux déhiscences qui le traversent. Le rythme, en effet, est capable de concilier des séries incoordonnables, c'est-à-dire des séries qui, sans être incompatibles, dépendent d'attracteurs trop divergents pour que leurs résultats soient indexables selon les mêmes axes de coordonnées, de facto, sinon de jure. (Voir aussi le terme « rythme »).

 

Descriptible

Est descriptible ce qui est saisissable, calculable, ou du moins repérable dans des référentiels tels que les référentiels topologiques, cybernétiques, logico-sémiotiques. Tous les fonctionnements sont descriptibles. Le couple descriptible / indescriptible est souvent associé au couple Fonctionnements (descriptibles) / Présence (indescriptible).

Voir aussi les termes « indescriptible », « fonctionnements », « présence ».

 

Désignation (langagière)

Pour Anthropogénie la désignation (signare, de) consiste à faire correspondre des segments phonématiques, distinctifs, à des désignés déjà segmentarisés et technicisés pour spécifier des choses-performances-en-situation-dans-la-circonstance-sur-un-horizon <16B>.

 

Destins-partis d’existence

Cette expression est une contraction de parti d’existence (pour la partie choisie) et destin d’existence (pour la partie obligée). Elle est fondamentale dans Anthropogénie. Elle permet de caractériser des époques, des peuples, des individus, des artistes. Décrire un destin-parti d’existence consiste, pour Anthropogénie, à qualifier sa topologie (ses relations à l’espace), sa cybernétique [ses régulations dans le temps], sa logico-sémiotique (sa pratique des signes), et sa présentivité (pour la place qui y est faite à la présence-absence).

Chacun de ces aspects primordiaux (topologie, cybernétique, sémiotique, présentivité) comporte des taux (choisis/obligés) d’oppositions proche/distant, continu/discontinu, etc. qui permettent de décrire les époques, peuples, individus, artistes, et plus généralement tous les accomplissements d’Homo. <8H>.

Voir les termes topologie, cybernétique, logico-sémiotique, présentivité et civilisation pour plus de précision.<8H>. Voir aussi le terme « sujet d'œuvre ».

 

Dialecte

Langage détaillé commun à un groupe, à ne pas confondre avec une langue, comme le français ou l’anglais, qui sont des dialectes stabilisés par des grammaires et des lexiques pour des raisons politiques, économiques, techniques, religieuses, morales. <16>. Anthropogénie s’intéresse principalement aux dialectes. (Voir aussi les termes « langage détaillé » et « idiolecte »).

 

Distance

[La distance est un phénomène physique.] L’auteur s’intéresse à la distance à propos de la technique, qui introduit une « distance » entre Homo et les éléments de son milieu (*Woruld), articulés en panoplies, et protocoles. Cette distance est instaurée, notamment, par les outils, situés entre Homo et son *Woruld.

 

Distanciation

[La distanciation est un phénomène cérébral.] L’expression « en distanciation » fait l’objet d’une explication au chapitre 4 d’Anthropogénie. Elle y est présentée comme un artifice de formulation permettant de rappeler l’opposition entre le signe (en distanciation, puisqu’il s’épuise dans sa thématisation) et l’objet technique (seulement à distance, puisqu'il est voué à des actions physiques sur ce qu'il thématise dans la panoplie et le protocole). La distanciation ouvre l’ordre de la thématisation (ordre du signe), permettant à Homo de s’affranchir désormais du poids et des contraintes des segments physiques (ordre technique).

Cette habitude de traiter tout en distanciation (mais aussi en segmentarisation, et substitution) s’installe et se renforce progressivement avec la manipulation technicienne, l'indicialité, l'indexation (voir ces termes). L’indice (signe primordial) introduit déjà une distanciation entre l’indice et celui qui l’observe. Puis l’index (signe intentionnel) accroit sensiblement cette distanciation, entre celui qui indexe et ce qui est indexé. La distanciation permet d’entretenir la méditation, la contemplation, la considération, le désir, etc. La capacité de distanciation distingue clairement Homo de l’animal. Ce qui chez l'animal fonctionne comme un stimulus-signal <4H>, donc en induisant un passage irrépressible de la perception à l'action, est maintenu chez Homo dans la distance technique et la distanciation sémiotique. Voir aussi le terme situation.

 

Education

Ne pas confondre éducation et enseignement. L’éducation se transmet (tangentiellement) par expérience. L’enseignement se transmet (frontalement) par règles. L’éducation a pour objet de transmettre d'une génération à la suivante les parades constitutives d'Homo contre ses challenges constitutifs <25D>. Cette transmission se fait par stades (enfance, adolescence, âge adulte, vieillesse) <3B>.

 

Effets de champ

[Nous connaissons tous les effets (perception, attraction, répulsion, etc.) produits par les champs gravitationnels, électriques, magnétiques, etc.] Anthropogénie s’intéresse tout particulièrement aux effets de champ perceptivo-moteurs (communs à l’homme et à l’animal), et aux effets de champs logico-sémiotiques (propres à l’homme). <7>.

L’auteur précise que les effets de champ, peuvent être thématisés. Ils sont alors des signes (des thématiseurs en distanciation) dans la mesure où ils réalisent et définissent au moins des topologies, des cybernétiques, des logico-sémiotiques, des présentivités générales ou singulières, bref des « destins-partis d’existence ». En tant que signe, ce sont des signes vides (sans désignés prédéterminés) <7K>.

Homo ne peut, et ne pourra sans doute jamais, coordonner théoriquement les effets de champ qu'il subit ou entretient, c'est-à-dire les situer avec exactitude dans des systèmes de coordonnées, cartésiennes ou autres. Il y a là trop d'interactions spatio-temporelles pour qu'elles soient dénombrables, même si elles ne sont nullement mystérieuses. Mais, ce qui est bien certain, c'est qu'Homo peut les compatibiliser pratiquement, ce qui est la fonction familière du rythme et du rite (comme aussi des endomorphines, et d'autres drogues). < Titre 3C de De la métaphysique à l'anthropogénie (2006).

 

Effets de champ perceptivo-moteur

Ces effets de champs sont dits perceptivo-moteurs, parce que la perception et la motricité n’y sont pas dissociables, chacune supposant l’autre. La perception d’une chose ou d’un événement (par la vue, le toucher, l’ouïe, l’odorat, le goût) est la partie perceptive. Le mouvement associé à cette perception est la partie motrice. Ces effets de champ peuvent être de quatre types (Statique, Cinétique, Dynamique, Excité). La perception d’une forme est un effet statique. La perception d’un mouvement est un effet cinétique. La perception d’une mouvance est un effet dynamique. La perception d’une excitation (instable, hésitante, qui ne va pas plus vers le dehors que le dedans, qui n’explose pas plus qu’elle n’implose) est un effet excité. <7>.

 

Effets de champ logico-sémiotique

Ces effets de champs, propres à Homo, sont appelés logico-sémiotiques parce qu’ils naissent de tensions entre les signes. Ils sont des quatre mêmes types que les effets de champs perceptivo-moteurs (Statique, Cinétique, Dynamique, Excité). Ils influencent les productions hominiennes (Structure, Textures, Croissance). Ils donnent lieu à des résultantes stables ou instables, à des modes d’existence variés, ou à des tensions entre signes et corps. <7E>. Les modes d’existence tels que bluff/soumission, affrontement/isolement, sérieux/jeu, etc. s’inscrivent dans ces effets de champs logico-sémiotiques <6B, 7E>.

 

Encontre

Voir le terme « rencontre » (qui n’en est toutefois pas synonyme).

 

Environnement

Ne pas confondre avec Milieu et *Woruld (voir ces termes). L’auteur utilise le terme environnement au sens familier [ce qui entoure]. Il parle notamment d’environnement terrestre, segmentarisé, technicisé, sémiotisé, frontalisé, musicalisé, architecturé, virtualisé, etc.

 

Etat-moment d'univers (Homo)

Anthropogénie situe Homo comme un état-moment d’univers. Homo appartient à une espèce dont les particularités ne sont qu'une manifestation locale et transitoire, en tant qu'état-moment d'Univers <11>. Ses prédécesseurs Homo cro-magnon, Homo néandertalien, Homo sapiens archaïque, les variantes d'Homo habilis, d'Homo erectus, d'Homo ergaster, voire des Paranthropes, ne sont pas des préparations de l'Homme que nous serions, mais sont autant d'Hommes, d'espèces et grandes races d'hommes, à part entière. Homo d'aujourd'hui, dans cet ensemble, est une variété parmi d'autres, adaptée à un état-moment particulier de la Planète, et cette variété disparaîtra ou bien donnera lieu à une autre espèce unique, ou d'autres espèces plurielles, anthropiennes ou paranthropiennes, dans des circonstances géologiques et tectoniques que nous n'imaginons pas. <21G3>

 

Expérience

Les animaux et les spécimens hominiens font des expériences. Ils font des choses imprévues qu’ils enregistrent lorsque c’est renforçant, et qu’ils éliminent lorsque c'est détournant, comme dans les conditionnements passifs (apprentissage pavlovien) et les conditionnements opérants (apprentissage par essais et erreur) <2A1>. Pour l’auteur, le cerveau, qu’il soit animal ou hominien, est un computer capable d’expériences. Ne pas confondre avec le terme expérimentation.

 

Expérimentation

Les animaux font des expériences, mais pas d’expérimentations.

Lorsqu’il expérimente, Homo provoque (vocare, pro) l'imprévu de façon systématique, interactive, habituelle, dans un apprentissage par essais et erreurs qui devient réduplicatif, distanciateur, métasystémique <2B2>. L’expérimentation ne peut se contenter d’abductions. Elle a besoin d’inductions et de déductions <4C2>.

 

Fantasme

L’auteur évite de donner une définition générale du fantasme. Il préfère en définir séparément huit types : fantasmes de choses performance, fantasmes de *woruld, fantasmes de partition-conjonction, fantasmes de présence, etc. <7I>. Le point commun de tous ces fantasmes est que les effets de champ (voir ce terme) y occupent une place prépondérante.

Les effets de champ perceptivo-moteurs et logico-sémiotiques entourent, traversent, habitent les perceptions, les imaginations, les conceptions, les volitions, les affects d'Homo. Ce sont eux, par exemple, qui font la différence entre l’imagination (où le fantasme a peu de place) et l’imaginaire (où les fantasmes sont prépondérants).

 

Fonctionnements

Les fonctionnements se distinguent de la présence (voir ce terme). Anthropogénie y consacre son chapitre 8 et conclut par cette déclaration philosophique fondamentale : Dans l'Univers il n'y a que des fonctionnements (descriptibles) et des présences (indescriptibles). Pour l’auteur, la distinction fonctionnements/présence(s)-absence(s) est la distinction originaire. Celle-ci peut s'exprimer aussi par les qualifications physique/métaphysique <8A>.

L’auteur ne laisse aucun doute sur le caractère, à ses yeux, descriptible des fonctionnements lorsqu’il écrit « La présence est indescriptible, en contraste avec les fonctionnements connus ou inconnus, tous descriptibles » <8A>, Ceux-ci apparaissent dans Anthropogénie, dès le chapitre 2, dans l’expression « fonctionnement cérébral ». Le cas du cerveau est exemplaire, dans la mesure où il y a des fonctionnements descriptibles (neurones, synapses, neuromédiateurs) mais qu’à l’occasion de ces fonctionnements apparaissent des choses indescriptibles qui sont de l’ordre de l'apparition, l'apparitionnalité, la phénoménalité, la présentialité <8début>.

Pris dans son extension maximale, le terme « fonctionnement » couvre dans Anthropogénie toutes les actions, réactions et passions de l’Univers, en ce que pour toutes on peut repérer des antécédents et conséquents, et référer sinon coordonner les unes aux autres. <8A>.

La plupart des fonctionnements connaissent deux régimes. (A) Un régime fantasmatique, où les actions-passions se dilatent spontanément par l'intensité des effets de champ. (B) Un régime objectal, où les opérations techniques et cognitives donnent lieu, par contrôle, par critique (krineïn, passer au crible), à une saisie aussi segmentarisante et clivante que possible <7I1>.

 

Formants (langagiers)

Le langage massif prend en compte les formants (langagiers), ces amplitudes de certaines fréquences d’une oscillation sonore (ici celle des cordes vocales) selon son résonateur (ici l’appareil buccal), et qui permettent à des sons émis et reçus de se singulariser économiquement, et donc de transmettre des messages. <16A1>.

 

Forme

Dans Anthropogénie, la définition de la forme est strictement Gestaltiste. Elle correspond à ce que la perception est capable de détacher sur un fond. Elle existe dans le règne animal (forme d’une souris pour un chat, forme d’une graine pour une poule, etc.). Plus généralement elle existe depuis que des organismes vivants sont capables de distinguer quelque chose dans leur milieu.

Pour autant, l’auteur observe que la forme a eu nombre d’autres définitions, en particulier dans le MONDE 2 où, à partir des Grecs, « la forme devint si importante qu'à côté de son morphisme, rendu par morphè, elle fut aussi eidos, qui en fera l'idée » <14F1>. Chez les grecs la matière des « touts » était subordonnée à leur forme. Et, dans son ouvrage Le Nouvel Age, Henri VAN LIER opposait, en un sens étroit, la forme (eidos, forma) des Grecs et Renaissants à l'élément vital des primitifs, qui précèdent (MONDE 1), et à l'élément fonctionnel des contemporains, qui succèdent (MONDE 3).

La forme ayant donné lieu à de nombreuses définitions, parfois difficiles à démêler, c’est finalement sa définition purement Gestaltiste (valable à toutes les époques) qui a été retenue dans Anthropogénie, sauf mention contraire bien sûr.

 

Geste

Le geste (ou l’intergeste) n’est ni gesticulation, ni agitation. Ce n’est pas un simple mouvement animal. C’est un mouvement « géré », coordonné, insistant, choisi parmi des centaines de degrés de liberté. Le geste est enrichi par le vêtement porté. Il est ajusté par les gestes des autres (intergestes). Il est thématisé par la danse. Il participe à l’unité systémique d’Homo, bien que temporairement (alors que l’œuvre peut y participer plus durablement).

Un geste est fait de quelques indices et de beaucoup d’index <5D>. Il y a des gestes techniques et sémiotiques. En matière technique, deux spécimens hominiens arrivent d'ordinaire à s'entendre sur des opérations techniques rien que par gestes, c'est-à-dire par quelques indices et beaucoup d'index partagés <5D>. En matière sémiotique, le geste langagier, qui peut aller jusqu’au langage des sourds-muets, trouve ses premières expressions dans les intergestes de la rencontre <3F>.

L'étymologie de geste est très anthropogénique, puisque le latin gestus n'est autre que le substantif verbal de "gestare", fréquentatif et intensif de "gerere", qui désigne tout à la fois : (a) porter, (b) faire paraître, (c) se comporter, (d) gérer. Le geste ainsi compris en toutes ses dimensions se lie de très près à la rencontre.

Le chapitre 5 (les index) et le chapitre 10 (le langage massif) sont parmi ceux qui parlent le plus du geste. Pour l’auteur il existe une suite anthropogénique (1) redressement (d’Homo) > (2) transversalisation > (3) geste > (4) voix > (5) langage, sans laquelle le langage serait radicalement mal compris dans son origine, sa fonction, son fonctionnement.

 

Glossème

Parfois appelés monèmes, le glossème est un segment dialectal, composé d’un ou plusieurs phonèmes, groupés en une ou plusieurs syllabes, et capable de spécifier une chose-performance-en-situation-dans-la-circonstance-sur-un-horizon. <16B>. Pour Anthropogénie Homo ne parle pas partout et toujours par mot. Ce qui est universel c’est de parler par glossème. <16G4>

Selon le cas, le glossème peut ou non correspondre à un mot, dépouillé alors de ses terminaisons –s, -e, etc. qui marquent le féminin ou le pluriel. Il peut aussi s’agir de suffixes, comme les glossèmes d’abstraction « -ation », « -ité », « -ission », « -ure », « -age », « -ement ». <16F2>.

La couche glossémique est une des quatre couches qui forment le langage détaillé (voir ce terme).

 

Holosomie

[Globalité du corps. Le préfixe holo- signifie entier. Le suffixe –somie signifie corps.] L’auteur définit l’holosomie comme la qualité du corps hominien d'être angularisant, orthogonalisant, latéralisant, transversalisant, possibilisateur, et ainsi d'être global dans ses kinesthésies, ses cénesthésiques, ses proprioceptions. L'holosomie contribue à ce qu'Homo ait un horizon, et se perçoive comme un centre, à partir duquel à la fois il se dilate et se recueille. Ainsi se meut-il au sein d'un *Woruld (Welt, wereld, environnement approprié par l'homme), et même au sein d'un Univers (versum unum) qui déborde infiniment le Umwelt, ce monde-autour immédiat, que von Uexküll, avec Rilke, attribue à l'animalité. < Chapitre III, B de De la métaphysique à l’anthropogénie (2006)>.

 

Homo

Le substantif Homo couvre massivement, et en arrondissant fort les dates, les performances des populations désignées d'habitude comme Homo habilis (2,5 MA), Homo erectus (1,5 MA), Homo sapiens archaïque (200 mA ou davantage), Homo sapiens sapiens du paléolithique moyen (100 mA), Homo sapiens sapiens du paléolithique supérieur ou Cro-Magnon (40 mA) jusqu'à aujourd'hui. <1>. Voilà pour les aspects paléontologiques.

Pour ce qui est des aspects "anthropogéniques", Henri VAN LIER décrit Homo comme « le primate anguleux (angular primate) [NB : l'angle droit n'existe nulle part dans la nature, ni dans l'animalité]. Donc angularisant (angularizing), donc orthogonalisant (orthogonalizing), donc transversalisant, donc panoplique et protocolaire (l'outil hominien versus l'instrument animal), donc possibilisateur, donc en vis-à-vis gestuel et locuteur (ré-en-contre), etc, etc. » (Voir De la métaphysique à l’anthropogénie, dernier paragraphe).

Voir aussi les termes "Latéralisant (corps d'Homo)" et "Transversalisant (corps d'Homo)"

 

Horizon

Cercle délimitateur, remarqué par les Grecs, à la fois bornant et ouvrant. <1B3>. L’horizon forme pour Homo la limite, à la fois concluante et ouvrante, de la chose-performance-en-situation-dans-la-circonstance-sur-un-horizon (voir ce terme).

L’horizon est toujours tracé par des choses (causes). On peut parler de l'horizon optique d'Homo paléolithique (qui avait une quarantaine de kilomètres). On peut parler aussi d’horizon technique (frontière entre technique et nature), ou encore d’horizon techno-sémiotique.<1B3-4>

[L’horizon n’est jamais atteignable dans la mesure où il est défini par des choses qui toujours renvoient à d’autres choses inatteignables.]

L'amour est, avec les croyances politiques et religieuses, l'expérience qui jette la plus vive lumière sur la notion d'horizon. Car ce qui en décide, au départ et à la fin, ce n'est ni des choses-performances, ni des situations, ni des circonstances, mais bien l'ouverture de l'horizon, lequel s'y confirme comme constitué (constitutif) de sens, même du sens, indépendamment de significations particulières. L'amour est l'ouverture d'un horizon, la haine rétrécit l'horizon en un point fixe. <11L2>

 

Idée

Voir le terme concept, pour la distinction entre Idée, Concept et Notion.

 

Idéation

[Elaboration d’une idée]. Le terme idéation est utilisé à propos de la présence-absence. Pour l’auteur, les idéations de la présence-absence se retrouvent, pour un locuteur occidental français ou anglais, dans des mots ou expressions tels qu’éternité/immortalité, ubiquité/infinité, spontanéité/toute puissance/liberté "forte" <8D>.

 

Idiolecte

Langage détaillé propre à chacun, à ne pas confondre avec un dialecte, langage détaillé propre à un groupe. Idiolectes et dialectes sont en causalité circulaire, les dialectes étant des normalisations et des incitations des idiolectes, et (inversement) <16>.

Au fil d'Anthropogénie, l’auteur évoque la phonosémie particulière des idiolectes de Racine, de Poe ou de Hölderlin ; l’invention de l’idiolecte proustien ; les idiolectes extrêmes, chez Valéry et Flaubert ; l’idiolecte instaurateur de Bonaparte, qui d'instant en instant, non seulement fit la paix ou la guerre, mais redistribua les lois et les coutumes de l'Europe ; les idiolectes déclarés de Mallarmé, Claudel, Céline, Genet ; les idiolectes engendrés par les conceptualisations innovatrices dans les sciences.

[Il ne serait pas faux de dire qu’Anthropogénie a son propre idiolecte].

 

Image

On dit que « A » (imageant) est l’image de « B » (imagé) s’il lui est analogue. Une image, qu’elle soit massive ou détaillée, est « analogue » avec ce dont elle est l’image. Le terme « analogie » est pris ici au sens large « d’apparentement » parfois très éloigné. Un cratère sur la lune est en analogie (négative, inversée) avec l’aérolite qui l’a creusé.

Une image, au sens large, peut donc être naturelle (trace de sanglier, cratère sur la lune,…). Et elle peut être auditives, tactiles, kinesthésiques (gestuelles), olfactives, gustatives, ou visuelle.

Pour éviter toute ambiguïté, l’auteur prend soin de préciser que ce qui intéresse l’anthropogénie c’est l’image artificielle et visuelle (gravure, sculpture, peinture) <9A>. L’auteur réservera donc le terme image aux images artificielles visuelles.

Ces images artificielles visuelles (massives ou détaillées) ont les propriétés du signe [elles thématisent l’imagé et s’épuisent (en tant que signe) dans cette thématisation].

 

Image détaillée

Dans une « image [artificielle et visuelle] détaillée », les analogies entre imageant et imagé interviennent entre de multiples segments (mollets, cuisses, ventre de la Vénus de Lespugue par exemple).

L’image détaillée apparaît il y a quelques dizaines de milliers d’années seulement. On y trouve la quasi-totalité des « innovations » d’Homo (segmentarisation, substituabilité des segments, effets de champs dynamiques et excités, fantasmes, macrodigitalisation, schématisation, etc.). Une image détaillée représente des champs (portions) multiples, alors qu’une image massive représente un champ unique.

 

Image massive

Une image [artificielle et visuelle] est dite « massive » dès lors que l’analogie entre « imageant » et « imagé » n’intervient qu’avec un seul segment. En pratique ces images se limitent à un trait ou un contour.

Les images « massives » apparaissent il y a un ou deux millions d’années (chopping tools, biface, etc.). Ces images massives sont un premier « stade » du développement des images. Elles sont aussi une « strate » de toutes les images, même détaillées. Les images massives re-présentent (praesentare, re-) un donné (un imagé), de manière thématisée, et en distanciation. Les images massives sont « prélevées » sur un « fond » (un environnement) de manière d’autant plus intéressante que les « effets de champs » sont nombreux.

Les images massives peuvent « tenir-lieu de quelque chose », tandis que les index (vides) désignent (sans tenir lieu), et les indices indiquent (sans tenir lieu non plus).

 

Imaginaire

L'imaginaire est l'imagination quand elle s'adjoint le fantasme, c'est-à-dire quand elle manie ses objets avec leurs effets de champ perceptivo-moteurs et logico-sémiotiques. L’imaginaire a les modalités qu’Anthropogénie reconnait au fantasme <7I>. L'imaginaire est si important pour Homo qu'il donne lieu à un mode d'existence, la rêverie <6B>.

Littré voulait que l’imaginaire soit "ce qui n'est que dans l'imagination, et qui n'est pas réel". Mais les membres fantômes (des personnes amputées) prouvent que la distinction n'est pas si simple. La jambe amputée n'est que dans l'imagination, mais elle y persiste si intensément parce qu'elle a fonctionné longuement dans le réel. D'autre part, pour utiliser correctement sa prothèse il faut que l'amputé, chaque fois qu'il la revêt, ranime son fantôme, comme pour lui adjoindre les effets de champ, l'imaginaire, qui lui manqueraient sinon. <7J>

 

Imagination

L'imagination saisit l'imaginé sans fantasme et sans effets de champ prédominants [contrairement à l’imaginaire]. L’auteur en parle indifféremment au pluriel et au singulier. Il définit les imaginations comme ces fonctionnements qui, dans la circulation cérébrale endotropique, (r)animent plus ou moins longuement certaines perceptions, motricités, volitions, affects qui ont été inscrits, à l'occasion de la circulation cérébrale exotropique, par la mémorisation, puis élaborés par la mémoration <7J>.

L'imagination renvoie à la réalité, même quand elle invente des comparaisons explicites ("c'est comme"), ou des comparaisons implicites que sont les métonymies et les métaphores ("au loin une voile", "une tempête de mots"). <7J>

Ainsi comprise, l'imagination, qu'elle soit "reproductrice" ou "créatrice" selon le vocabulaire traditionnel, joue un rôle essentiel chez Homo technicien, historien, mathématicien, physicien, biologiste, scénariste, politique. Par exemple, un cosmologiste a la faculté d'imaginer (de voir mentalement) les mouvements successifs du soleil et des planètes selon les saisons.

 

Index

Ne pas confondre avec indexation (voir ce terme). L’index est une des notions les plus importantes d’Anthropogénie. Pour son auteur le socle de l’anthropogénie est la capacité d’Homo d’indexer des indices <14I2>. [Au sens familier du terme, un index est un pointeur. Les index (pointeurs) existaient avant les images et avant l’écriture.] Les premiers index étaient des gestes : index de la main qui pointe, bras qui mime une courbe, regard qui darde. Ces gestes (avant les images, avant l’écriture) ont acquis les propriétés du signe.

Sémiotiquement, un index est un signe (signe intentionnel) permettant de désigner des objets ou des indices (signes primordiaux), et de donner naissance au couple indice / index <5D>. Un index (signe thématiseur) va du spécimen pointeur (Homo) aux choses (ou aux signes thématisés) <5A>. Un environnement devient hominien dans la mesure où il consiste en indices indexés ou indexables, et en index diversement indicilisants. <5A>. Un index est un signe « VIDE », sans désigné prédéterminé (contrairement aux indices), et (en tant qu’index) il s’épuise dans sa thématisation directionnelle.

Dès les années 1900, Henri Poincaré signalait utilement que la formule « f = mg », remarquable en ce qu'elle permet d'écrire des milliers d'autres formules pertinentes, ne nous donne aucune intuition de la force derrière f, de la masse derrière m, de l'accélération ou de la gravitation derrière g. Et, en effet, tout ce qu'on demande à une « Théorie physique », c'est d'indexer par des index purs (mathématiques) des indexables purs (une température, un poids), et cela selon des indexateurs purs (balances, thermomètres, etc). C'est si vrai que les physiciens de l'an 2000 ne disent pas autre chose concernant la formule : e = mc2. < De la métaphysique à l’anthropogénie (2006) > (Voir aussi le terme Charge / décharge d’un index)

 

Index chargé / déchargé (purifié)

Un index (un pointeur) met souvent en œuvre une force (surtout au Paléolithique). Par exemple la force de celui qui pointe son doigt, ou la force perçue par ceux qui observent le doigt pointé. Chez le chef de guerre, la force l’emporte sur la précision. Chez le mathématicien, la force s’efface devant la précision. En mathématique, l’auteur parle même d’index totalement purifiés (neutralisés, déchargés, sans aucune force), excepté peut-être pour la flèche mathématique. L’auteur précise aussi que la charge (positive) d’un index agit négativement sur ce qui l’entoure. Plus la force de l’index est grande, plus elle neutralise, annule et décharge ce qui ne va pas dans son sens<5C3>

La purification des index serait en lien avec la transversalisation du corps et du milieu d’Homo. A ce propos l’auteur écrit : « Tout index comme tout pas implique une agression. Cependant, si celle-ci s'initie dans l'agressivité rostrale-caudale de l'animalité antérieure, elle s'achève dans l'ad-gredi (marcher-vers) transversalisant et frontalisant d'Homo. C'est pourquoi et dans cette mesure que l'index peut être déchargé, purifié, par exemple dans la mathématique et la logique <5C3> ».

 

Indexation

Ne pas confondre avec Index. L’index est un signe (extérieur au cerveau). L’indexation est un concept (intérieur au cerveau). Le langage par gestes [des sourds-muets] consiste essentiellement en index (corporels) et indexations (mentales). Au cas par cas, les index et indexations peuvent être quasi équivalents, ou très différents.
  • Cas d’index et indexations équivalents – Cas particulier des mathématiques - L’auteur précise qu’entre le signe mathématique (index) et le concept mathématique qu'il réalise (indexation) il y a presque équivalence (équipollence). Et cela indépendamment du fait que le cube dessiné au tableau en deux dimensions (ici l’index) soit loin d’être aussi parfait que le cube conceptualisé qui naît en trois dimensions dans l’imagination du mathématicien (ici l’indexation). Pour l’auteur la mathématique est une théorie générale des indexations pures et une pratique absolue des index purs.

  • Cas d’index et indexations très différents – C’est le cas général – Par exemple le bras de l’orateur tendu vers le ciel (ici l’index / signe extérieur) et les concepts qui naissent dans le cerveau des spectateurs (ici les indexations) sont clairement différents. Il en est de même pour les indexations réalisées par un geste militaire tracé sur une carte, les indexations chargées associées à une musique, les indexations variables associées au texte d’un roman, à un schéma, à une image, etc.

 

Indescriptible

Est indescriptible ce qui n’est saisissable dans aucun référentiel. La présence est indescriptible. Le couple descriptible / indescriptible est souvent associé, dans Anthropogénie, au couple Fonctionnements (descriptibles) / Présence (indescriptible).

Voir aussi les termes « indescriptible », « fonctionnements », « présence ».

 

Indice

[Au sens familier, il s’agit d’une trace (trace de sanglier dans la boue par exemple).] Pour Anthropogénie, l’indice est un « fait physique qui thématise un ou plusieurs autres faits physiques (ses indiciés) en se fondant sur un lien de CAUSALITE entre lui et eux ». Par exemple il existe un lien de causalité entre la trace de sanglier (ici l’indice) et le sanglier ou la piste de sanglier (ici les indiciés). L’indice, en tant que fait physique, reste proche de la technique.

Mais, conformément à cette définition, l’indice est aussi un signe. En effet, un indice est un segment (ici un fait physique) qui thématise (ici via un lien de causalité) d’autres segments (ici d’autres faits physiques) et s’épuise dans cette thématisation. L’indice est même un signe primordial (il soutient les autres signes). <4B>. Les indices vont des choses vers ceux (hominiens) qui les considèrent. <5A>. Pour l’auteur, un environnement devient hominien dans la mesure où il consiste en indices indexés ou indexables (Voir le terme Index).

L’auteur mentionne aussi le caractère parfois flou des indices qui, par les voies de la métaphore et de la métonymie, ouvrent aussi bien sur la magie et des vérités supposées que sur des apparentements forts pertinents <4B3>. L'indicialité, est l'organisation fondamentale de la pensée hominienne, avec ses abductions, ses magies, son animisme et démonisme, ses divinations externes et internes. <4F>

Les d'indices sont les "choses" du *woruld indicialisées par la segmentarisation technique. <5H3>

 

Indicialité / Indicialisation

Lien ou relation par lequel on associe un indice à un ou plusieurs indiciés. Il peut s’agir de liens de causalité floue (efficientes, finales, formelles, matérielles) ou de relations diverses (similitudes, contiguïtés, complémentarités-coaptations, appartenances, coïncidences). <4B>

L’indicialité, ou l’indicialisation, sont des phénomènes internes au cerveau (phénomènes endotropiques), ce qui n’est pas le cas de l’indice qui est un fait physique, appartenant au monde extérieur. L’indicialité, ou l’indicialisation, nécessitent la distanciation sémiotique alors que l’indice peut se contenter de la distance technique.

 

Induction

L'induction induit à partir de faits. Les logiques du MONDE 3, privilégient l’induction. Ces logiques souvent parcellaires s’appliquent à des domaines particuliers. Leurs résultats sont ensuite croisés avec (et validés par) ceux d’autres inductions, déductions ou abductions (dans une logique de cross bracing). <20E> (Voir aussi les termes abduction, déduction et MONDE 3.)

 

Instrument

Ne pas confondre avec le terme plus spécifique d’outil (voir ce terme). L’outil ne concerne que le monde hominien. Le terme instrument, par contre, est suffisamment général pour s’appliquer aussi au monde animal et désigner par exemple un bâton préhensile par un singe, une pierre poussée par une loutre pour casser un œuf, une aiguille qui allonge le bec d'un pic pour attraper un ver sous l'écorce <1B1>.

L’animal connaît l’instrument mais pas l’outil, ni la technique au sens définis par l’auteur.

 

Kasus (Intrapropositionnel, Interpropositionnel)

Derrière le mot KASUS se trouvent les deux dernières évolutions (voire révolutions) qui ont mené au langage parlé tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Le KASUS INTRAPROPOSITIONNEL apparaît il y a environ 5.000 ans (5mA). Il s’agit de ce que nous appelons familièrement des propositions (des séquencèmes articulés autour d’un verbe). Vers -3.000 ans, ces KASUS deviennent assez complets pour porter, à Sumer et en Egypte, les premières écritures langagières et les autres sous-cadrages en tous domaines, ayant donné lieu aux empires primaires du MONDE 1B. Des exemples de KASUS INTRAPROPOSITIONNELS seraient « agent + verbe + complément » (le chien mord le chat) comme en français. Ou bien « agent + complément + verbe » comme en allemand, japonais ou turc. <16C3>.

Le KASUS INTERPROPOSITIONNEL apparaît il y a environ 2.500 ans (-500 ans). Il permet d’articuler (coordonner) des propositions (KASUS) à l’intérieur d’un phrase. La phrase (sentence) ainsi entendue comprend alors plusieurs propositions (coordonnées), dont une ou davantage peuvent être traitées comme principales, et d'autres comme subordonnées. L’auteur écrit <17G2> « Autour de 2,5 mA, les Kasus interpropositionnels seraient devenus assez mûrs pour dégager, de façon générale et universelle, les relations abstraites de temps, de lieu, de cause, de conséquence, de but, de concession (hors-jeu), et engendrer le moment dit "axial" (Jaspers), celui des philosophies principielles de la Chine, de l'Inde, de l'Iran, d'Israël, de la Grèce, de l'Amérinde. En Grèce, ceci aurait même suffi à faire passer le continu proche du MONDE 1 au continu distant du MONDE 2 ». La solution la plus naïve fut de créer de véritables conjonctions insérées discrètement dans la phrase subordonnée ou coordonnée, ou de l’introduire avec fracas dans des formules telles que « afin que, après que, pendant que, avant que, lorsque, tandis que, donc, car, quoique, à supposer que… ». <16F4>.

 

Langage

L’auteur précise que dans le cadre d’Anthropogénie il utilisera le terme « langage » au sens étroit de « langage parlé », et qu’il ne reconnaitra à côté du langage parlé que le langage écrit (qui inscrit ce langage parlé ou un équivalent) et le langage par geste, dont la construction chez l’enfant se fait selon les mêmes stades et strates que le langage parlé. Il n’utilisera donc pas « langage » pour désigner « tout moyen d’expression présentant un aspect communicationnel structuré (langages de la photographie, de la peinture, de la musique, de l’inconscient) ». <10D>

 

Langage détaillé (parlé)

Le langage détaillé succède au langage massif (voir ce terme). Le langage détaillé d’Homo est inauguré par le ton vocal, qui se différencie du son (animal). <17G1>. C’est autour de -60.000 ans, que l’appareil phonateur d’Homo (Sapiens sapiens) serait devenu assez capable du « ton » pour produire un certain nombre de « traits » phonématiques, constituant une panoplie restreinte de vrais phonèmes.

Sémiotiquement, l’auteur décrit le langage détaillé parlé comme une quadruple articulation faite de phonèmes, glossèmes, séquencèmes (voir ces termes), et phrasés.
  • La couche de phonèmes est composée de traits sonores oppositifs. Les phonèmes peuvent, ou non, correspondre des lettres de l’alphabet.

  • La couche de glossèmes est constituée de segments dialectaux capables de SPECIFIER des choses. Chaque glossème est composé d’un ou plusieurs phonèmes. Les glossèmes peuvent, ou non, correspondre à des mots.

  • La couche de séquencèmes est composée de séquences thématisées de plusieurs glossèmes. Les séquencèmes peuvent, ou non, correspondre à des phrases.

  • Un phrasé c’est-à-dire un ensemble d'inflexions (flectere, in) de structures vocales, de textures vocales, et de croissances vocales. Le phrasé concerne toutes les couches du langage parlé. Il s’agit notamment du phrasé phonématique (pour les phonèmes), phrasé glossémique (pour les glossèmes), phrasé propositionnel (pour les propositions), phrasé discursif (pour les discours).
C’est l’articulation de ces quatre couches de langage qui dégage une signification. [Par exemple, un séquencème comme « mais…bien sûr… » prendra des sens différents (interrogatif, affirmatif, informatif, ironique, aberrant, etc.) selon son phrasé.]

Le langage détaillé se prêterait aux inductions et aux déductions, à la différence du langage massif qui, lui, ne se prêterait qu’aux abductions <4C2>

 

Langage massif (parlé)

Le langage massif précède le langage détaillé. Il apparaît avec les sons vocaux émis en régime urgent (par opposition aux sons insistants de la musique). Il s’agit de successions d’émissions sonores à la fois courtes, oppositives et tranchées séquentiellement. Sans pour autant atteindre au ton, et donc au phonème proprement dit du langage détaillé. Ces vocables massifs sont une première production sémiotique de la voix d’Homo. <10D>. Un exemple d’une telle production vocale pourrait être « hôô-hisse » (bas-haut) produite lors d’un effort. <10D2a>.

Pour la constitution d’Homo, le langage massif est à la fois un « stade » et une « strate ». C’est un stade du développement hominien très rentable dans sa compétition à l’égard des animaux, et à l’égard des autres groupes hominiens. Si bien qu’il dû exercer une pression sélective considérable sur Homo habilis, notamment dans la co-sélection de l’hémisphère gauche de son cerveau (plus macro-digital). C’est aussi une strate de tout langage, même actuel, comme l’illustre les 6 voies de l'onomatopée (action de faire des mots) en allemand par exemple. Voir aussi le terme « syntaxe massive ».

Bien que massif ce premier stade du langage a dû permettre la production de nombreux vocables (vides) doubles tels que « ceci/cela », « haut/bas », « oui/non », « peut-être/certainement », ou encore de nombreux vocables (pleins) tels que «coucou », « bê-ê », ou « meûeû » pour spécifier tel ou tel animal.

Le langage massif se serait prêté déjà aux abductions, mais pas encore aux inductions et aux déductions qui, elles, auraient supposé le langage détaillé (voir ce terme) <4C2>.

Bien que vocalement rustre, l’efficacité de ce langage massif a du croître rapidement dans la mesure où il empruntait la logique et la syntaxe du *woruld de plus en plus technicisé qui l’entourait (voir les termes *woruld, et « syntaxe massive »).

 

Langage parlé

Le langage parlé intervient dans un environnement déjà technicisé. Ce n’est pas un événement d’Univers ayant pour fonction de se substituer à quelque chose (stare pro aliquo), ou de représenter quelque chose, du moins dans son usage premier, mais bien, dans un environnement déjà segmentarisé par Homo technicien, de SPECIFIER des choses-performances-en-situation-dans-la-circonstance-sur-un-horizon, par prélèvement, déclenchement, distribution, suspens de quelques thèmes (voir ce terme). <17A>.

Le langage parlé effectue des liaisons entre segments [segments vocaux d’une part et segments spécifiés (indice, index, images, etc.) d’autre part]. Ces liaisons travaillent en distanciation, sémiotiquement, c'est-à-dire en des thématisations s'épuisant dans l'acte de thématiser. C’est ce qui distingue le langage d’Homo de celui des animaux (chant d’oiseau, hurlement du loup). Les communications structurées vocales des animaux sont de l’ordre du stimuli-signal, et n’accèdent pas à la distanciation sémiotique. Les communications structurées d’Homo sont de l’ordre du stimuli-signe (voir ces deux termes).

 

Langue

Dialecte (voir ce terme) stabilisé par des grammaires et des lexiques pour des raisons politiques, économiques, techniques, religieuses, morales. <16>.

 

Latéralisant (corps d'Homo)

La latéralisation est une des clés qui distingue le corps d’Homo de celui de l’animal <1A4>. Comme chez certains animaux, les deux moitiés (gauche / droite) du corps d’Homo peuvent avoir des aptitudes différentes. Mais Homo a confirmé et accentué cette sélection gauche / droite. Par exemple, les panoplies (collections de choses / outils) et les protocoles (séquences d’opérations), propres à Homo s’inscriront d’autant mieux dans son environnement (transversalisé) que celui-ci sera latéralisé (organisé gauche / droite).

 

Logico-sémiotique

[Qui appartient à la logique et à la sémiotique.] Voir aussi le terme « effets de champ logico-sémiotique ». Anthropogénie s’intéresse à la logico-sémiotique comme l’un des quatre référentiels qui permettent de décrire le destin-parti d’existence d’une époque, un peuple, un individu, un artiste. Elle trouve dans la logico-sémiotique des taux d’indicialité/indexation, de significations/sens/Sens/signifiance, de contingent/nécessaire/probable, etc. <8H>.

 

Logique

Au sens large du terme, la logique est le foyer commun du langage courant, de la mathématique et de la logique au sens étroit.

Au sens étroit du terme, le champ de la logique est celui de la négation, de l'exclusion, de l'affirmation, du choix et de l'interrogation, avec leurs inférences réciproques. Pour l’auteur ce champ est ouvert, avant même celui des mathématiques, par les indexations <5C4>.

Le chapitre 20 d’Anthropogénie, est consacré aux logiques. L’auteur précise qu’il n’y aborde que les logiques syntaxiques du langage, et du geste. Il précise que ces logiques syntaxiques s’intéressent à la « cohérence dans une séquence de propositions », et que cette cohérence sera vue selon trois rapports du signe : rapports syntaxique, sémantique, pragmatique <20A>.

 

Macrodigital / Macrodigitalité / Macrodigitalisation

Système d’opposition / exclusion (oui / non, 0/1) appliqué à des ensembles. Ce système est développé chez Homo mais pas chez l’animal. Dans Anthropogénie la notion apparaît pour désigner un basculement cérébral entre des synodies, définies comme de vastes ensembles de neurones <2A2e>. L’hémisphère gauche du cerveau est supposé davantage spécialisé dans les tâches macrodigitalisantes (langage, écriture, mathématique) pour lesquelles Homo se distingue nettement de l’animal.

Sémiotiquement la macrodigitalité se développe avec les index oui/non, possible/impossible, humain/divin, etc. Son développement se poursuit dans les images détaillées où certains traits se perçoivent fatalement comme n'étant pas les autres, et sont donc désignables oppositivement par l'exclusion de ces autres traits en des panoplies et des protocoles fermés. Les vêtements, comme les images, sont aussi macrodigitalisants en ce qu'ils divisent le corps diversement, en deux, en trois, en quatre segments essentiels, au point de le globaliser en une panoplie-protocole de parties exclusives l'une de l'autre. Le schéma est plus macrodigital que l’image. L’écriture, lorsqu’elle schématise, augmente la macrodigitalisation, et lorsqu’elle recoure à l’alphabet elle devient strictement digitalisante.

Une des forces de la macrodigitalité (propre à Homo) est qu’elle concerne aussi bien le « cela » que le « non-cela », alors que l’analogie (présente aussi chez l’animal) ne concerne que le « cela ».

 

Magie

Pour l’auteur, le magicien incline à estimer qu'en présence de deux séries de segments, l'une technique, l'autre sémiotique, il suffit d'agir sur l'une pour agir sur l'autre, à condition qu'elles aient entre elles un lien, un apparentement quelconque <4D>. C’est une double contamination par laquelle le technique prend force de sémiotique, et le sémiotique prend force de technique. Par exemple, la consommation de cerneaux de noix ne serait-elle pas profitable au cerveau, lobé lui aussi? Un genou gonflé et une feuille de chou ont en commun des nervures ou veines saillantes ; le genou est malade, la feuille est saine ; pourquoi ne pas l'appliquer sur le genou pour le rendre sain?

Notons que les segments sémiotiques concernés peuvent être de simples indices, et que les liens de causalité peuvent être de simples abductions. Il suffit d’indices et d’abductions pour qu’Homo technicien devienne un jour Homo magicien. Soulignons encore que cette évolution a pu se produire il y a très longtemps, dans la mesure où Homo magicien pouvait se contenter déjà des apparentements sommaires du langage massif <4D>.

 

Mathématique (pure)

L’auteur définit la mathématique (pure) comme Théorie générale des indexations (pures) et pratique absolue des index (purs) <5E><situation 5>.

  • Les INDEX (voir ce terme) pratiqués en mathématique sont purs (par exemple les A, B, et C de la formule A = B * C) n’ont aucun « indexé » déterminé. C’est donc différent de la physique où tous les indexés sont généralement déterminés (masse, vitesse, etc.). De même, c’est différent de toutes les sciences appliquées, pour les mêmes raisons.

  • Les INDEXATIONS (voir ce terme) exprimées par la mathématique sont « pures » (neutres, déchargées). C’est donc différent de la musique, où les indexations (cérébrales) sont très chargées, de motions, et de mouvances notamment. C’est différent aussi de la physique (Einstein disait qu'en état d'invention n'intervenait chez lui que des figures et des forces en mouvement). C’est différent finalement de toutes les autres disciplines où les indexations ne sont jamais totalement "purifiées".

  • ABSOLU (voir ce terme) est pris au sens étymologique (absolutus, solvere, délier). La pratique mathématique des index est « déliée » du reste. Il s’agit ici de mathématiques pures et non de mathématiques appliquées.
L'auteur s'intéresse particulièrement aux mathématiques. Sans doute parce que les mathématiques sont, pour lui, le domaine où les différences entre Homo et l’animal sont les plus frappantes. C’est là que les notions d’index et d’indexation (voir ces termes) sont les plus pures, et en rupture la plus marquée avec les stimuli-signaux de l’animalité.

Une première définition des mathématiques est donnée en <5E>. L’auteur y consacre ensuite le chapitre 19 d’Anthropogénie.

 

Mémoration

Ne pas confondre mémoration et mémorisation. La mémoration désigne le travail incessant de réorganisation de la mémoire. Déjà présente chez l’animal, elle prend chez Homo une expansion considérable. C'est ce genre de travail qui par exemple, à travers l'expérience de liquides, dégage les liquides comme tels, puis la métareprésentation de la liquidité, vs la solidité vs la volatilité. C'est ce que certaines philosophies appelleront un jour, selon leurs cultures, des abstractions (trahere, ex), des concepts (capere, cum), des idées (eidos, figures visualisables stables) <2A5>, <2B2>.

La mémoration est puissamment activée par le sommeil. Celui-ci crée en effet dans le cerveau des ondes différentes de celles de l'état de veille, et qui invitent à distinguer à tout le moins un sommeil à ondes lentes et un sommeil à ondes courtes, ce dernier étant dit en anglais sommeil REM (rapid eye movement) parce que les yeux s'y agitent, et en français sommeil paradoxal parce qu'il est à la fois le plus profond par l'inertie musculaire et le plus riche (ou agité) en rêves. On a remarqué que le sommeil à ondes longues favorisait surtout les mémorations de contenus explicites, et le sommeil à ondes courtes les mémorisations et mémorations de contenus implicites (plus ou moins traumatiques). <2A5>

 

Mémorisation

Ne pas confondre avec mémoration. Une mémorisation est une inscription nouvelle dans la mémoire. Certaines mémorisations sont ponctuelles, en particulier dans les apprentissages pavloviens, et dans les apprentissages opérants (par essais erreur).

Mais il faut préciser que, en raison de la réticularité du cerveau, tout apprentissage et même toute perception-motricité sont presque toujours pluriels, c'est-à-dire qu'ils concernent plusieurs sensations, motricités, affects, stimulations, contrôles, partenariats (de dominance et de soumission), tantôt parce qu'ils atteignent d'emblée plusieurs synodies neuroniques, tantôt parce qu'atteignant une synodie, ils en atteignent d'autres à travers ses connexions à elle. Ainsi, les mémorisations sont souvent d'emblée plurisensorielles, pluridimensionnelles et pluritemporelles, voire multiaffectives, en particulier donnant des résultantes d'attractions et de répulsions dans le schéma motivationnel de Hebb. <2A5>

 

Milieu

A distinguer de Environnement et *Woruld (voir ces deux termes). Le terme milieu désigne ici surtout un milieu « naturel », relativement « proche » et quasi « palpable » (milieu intérieur, extérieur, couvert, milieu néolithique,…).

 

Mode d'existence

Homo a plusieurs modes d’existence possibles : bluff, humour, affrontement, jeu, soumission, coquetterie, rêve, etc. Ces modes d’existence sont le champ premier et le plus fondamental de la possibilisation hominienne <6B>. Chaque mode d’existence d’Homo dépend de la prévalence, ou de l'initiative, d'un des deux modes de circulation de son cerveau (circulation endotropique-interne, circulation exotropique-externe).

L’auteur commence son chapitre 6 (La possibilisation) par un inventaire des modes d’existence d’Homo. Il y en a un nombre limité. Ils sont définis par les combinaisons possibles entre circulation endotropique et exotropique. L’auteur identifie 5 combinaisons possibles. Il y associe ensuite 5 couples de mode d’existence qu’il appelle (1) soumission/bluff, (2) affrontement/isolement, (3) sérieux/jeu, (4) exploration/coquetterie, (5) rêve/rêverie. Chaque lecteur peut librement appeler ces couples comme il le souhaite. Le point clé est qu’il n’y en a que cinq. Evidemment la combinaison de ces cinq couples peut donner lieu à des subtilités infinies.

 

MONDE

Anthropogénie distingue trois mondes hominiens qui se sont développés successivement. Le MONDE 1 qui va du paléolithique à la fin des empires primaires (Sumer, Egypte, Inde, Chine). Le MONDE 2 qui est instauré par la Grèce antique. Le MONDE 3 qui commence vers 1850 et envahit la planète à partir de 1950.

Ces trois mondes obéissent à une séquence générale, reposant sur ce qu'il y a de plus originel chez le primate redressé, c'est-à-dire la segmentarisation, la transversalisation, la distanciation. C’est pourquoi Anthropogénie se tourne vers la saisie centrale à cet égard, c'est-à-dire la topologie.

Et quatre concepts topologiques s'imposent de prime abord : le voisinage, la distance, la continuité, la discontinuité. Ou, plus conflictuellement, deux couples d'opposés : proche/distant, continu/discontinu.

Et, comme dans l’ordre des choses, le développement hominien est proche avant d’être distant, et continu avant d’être discontinu, la séquence de développement des mondes hominiens est logiquement continu/proche (MONDE 1), puis continu/distant (MONDE 2), et discontinu (MONDE 3).

 

MONDE 1 (continu/proche)

Correspond au premier stade des développements hominiens. Il va du Paléolithique à la fin des Empires primaires (Sumer, Egypte, Inde, Chine). Il est divisé en MONDE 1A ascriptural (sans écriture), et MONDE 1B scriptural.

Ce MONDE est PROCHE parce que chacune de ses parties y renvoie d’abord aux parties VOISINES avant de renvoyer éventuellement à un TOUT. Il est CONTINU parce que « aggrégatif », « imbricatif », « agglutiné », « soudé », sans discontinuités. Homo y est en CONTINUITE avec la nature et avec ses propres accomplissements. Le MONDE 1 est franchement différent du MONDE 2.

D’un point de vue topologique ce MONDE 1 est continu-proche dans toutes ses productions (architecture, musiques, langages, etc.) <12C1>. Les spécimens hominiens n'y étaient pas des « individus », ni des « je-moi », mais d'abord des « on ».

Et, la mort n'y étatit pas tragique. Les masques et les statues tracés de l'Ancêtre assuraient une continuation suffisante pour garantir celle du clan, de la tribu, de l'empire. Ou encore les « momies » du Pharaon (analogisante). <Chapitre IV, A, 1 de De la métaphysique à l’anthropogénie (2006)>.

 

MONDE 2 (continu/distant)

Correspond au deuxième stade des développements hominiens. Le MONDE 2 a été vigoureusement instauré par la Grèce antique, et à travers Rome il s'est poursuivi en Occident, jusqu'au MONDE 3.

Ce MONDE 2 est DISTANT parce que chaque partie renvoie d’abord à un TOUT, perçu à une « juste » DISTANCE, avant de renvoyer à ses parties VOISINES. Homo y est à distance de la nature et de ses propres accomplissements. Le MONDE 2 reste toutefois CONTINU, parce que formés de TOUTS.

D’un point de vue topologique ce MONDE 2 est continu-distant dans toutes ses productions et accomplissements. <12C1>. Les architectures, et aussi les images, les musiques, les textes produits là ont proposé des touts au sens fort, c'est-à-dire des touts composés de parties intégrantes ; voilà pour le "continu". Et conséquemment, des formes fortement prélevées sur leurs fonds ; voilà pour le "distant". Dans cette saisie des choses, chaque partie vise à renvoyer directement au tout, et indirectement seulement aux autres parties. Le MONDE 2 est caractérisé par des touts, mais aussi un tout (de tous les touts), que les Grecs appelèrent cosmos, et les Latins mundus.

Dans le MONDE 2, la mort est tragique. Ainsi, en - 400, le contraste : mort / vie, forme / informe, supposa une solution drastique : le corps périt, mais l'âme demeure (à distance). <Chapitre IV, A, 1 de De la métaphysique à l’anthropogénie (2006)>.

 

MONDE 3 (discontinu)

Correspond au troisième stade (actuel) des développements hominiens. Il est apparu en Occident chez quelques-uns depuis 1850 (photographie, impressionnisme), puis chez plusieurs à partir de 1900 (Quanta, Bande dessinée), avant d’envahir progressivement la planète entière depuis 1950.

Ce MONDE 3 est DISCONTINU à l’image des éléments « reséquençables », « reconfigurables », « reconnectables », « fenêtrables », « zippables », « recalculables » qui le composent. Les reséquenciations d’acides aminés, ou les reconfigurations de réseaux (informatiques, économiques, etc.) en sont des exemples.

D'un point de vue topologique ce MONDE 3 est discontinu dans ses productions (grain photographiques, séries fenêtrantes-fenêtrées, réseaux, approche modulaires). <12C>. La construction modulaire du langage chez le nourrisson et sa déconstruction modulaire chez le sénile sont des exemples de théories produites dans le MONDE 3.

Dans le MONDE 3, la mort n'est plus épouvantable. Elle s’inscrit dans une Evolution buissonnante, où les vivants sont des spécimens temporaires d'une espèce (discontinue). <Chapitre IV, A, 2 de De la métaphysique à l’anthropogénie (2006)>.

 

Mot

[Ne pas confondre "mot" avec "terme". Dans un dictionnaire un mot a des acceptations multiples. Dans une terminologie, un terme a une seule acceptation.]. Pour Anthropogénie le mot est souvent un condensé de topologie, de cybernétique, de logico-sémiotique, de présentivité, une pondération de huit aspects du rythme, bref tout un parti d’existence. Par exemple les partis d’existence indo-européens se montrent très différents selon que le mot est plutôt court comme en danois, moyennement court comme en français, habituellement long comme en allemand, parfois démesurément long comme en sanskrit. <16G1>.

 

Mouvance

Les mouvances (motions en anglais) ne sont pas de simples mouvements. Elles leur ajoutent des forces. Elles appartiennent à la dynamique (et non à la cinématique). [On peut parler des mouvances des nuages ou de la mer qui bougent]. On peut dire que la différence entre les images-mouvance et les images-mouvement fait celle entre le cinéma et le dessin animé. <14I3>. On peut dire aussi que dans la musique les indexations (cérébrales) sont très chargées de mouvances <15C1>.

 

Musique

Pratique insistante du son, où les sons sont longuement tenus, se retournent sur eux-mêmes, en attisant leur résonance et leur écho (avec complaisance). La pratique musicale, peut être vocale, ou instrumentale. Elle se distingue de la pratique langagière, où (pour communiquer efficacement) les sons sont produits en segments relativement courts, tranchés, et distincts. Le rythme joue [souvent, mais pas toujours] un rôle essentiel dans la musique (voir le terme rythme).

 

Musique massive

Les musiques massives apparaissent il y a plusieurs millions d’années. Elles ne disposent pas encore du « ton » vocal, ni sans doute du ton instrumental. Mais il s’agit déjà de musique (voir ce terme). Rappelons que le « ton » est un son tenu-tendu. (voir ce terme).

 

Musique détaillée

Les musiques détaillées apparaissent il y a plusieurs dizaines de milliers d’années. Elles disposent du « ton » vocal, et sans doute instrumental.

Avec le ton (son tenu-tendu), les éléments de la musique détaillée deviennent suffisamment oppositifs pour que l'un d'entre eux puisse y être pointé ou suggéré par l'exclusion des autres. On peut par exemple distinguer un Do et un non-Do. Cela permet à l’ensemble (musical détaillé) de fonctionner macrodigitalement [et pas seulement analogiquement] <15B9>. Enfin, grâce au ton encore, la musique détaillée devient capable d’exprimer pleinement les 8 aspects du rythme (Voir ce terme).

 

Neuronique

Mot utilisé par l’auteur pour caractériser ce qui est à la fois neuronal (relatif au neurone) et neural (relatif au système nerveux). Le cerveau est un computer neuronique <2A1>. Les synodies (voir ce terme) sont des ensembles neuroniques.

 

Nombre d’or

Proportion particulière "où le plus grand est au plus petit comme la somme des deux est au plus grand" : 1 est à 0.618 comme 1.618 est à 1 ; 1.618 est à 1 comme 2.618 est à 1.618.... Nul rapport arithmétique et géométrique n'est plus intégrateur de parties intégrantes et de touts, ce qui lui valut d'être appelé nombre d'or ou proportion dorée. <13G2>.

 

Notion

Voir le terme concept, pour la distinction entre Idée, Concept et Notion.

 

Objet

La notion d’OBJET est récente. Jusqu’à l’an 1033 approximativement la « main de dieu » était partout, et les OBJETS vus comme création d’Homo, ou plus modestement comme co-création d’Homo n’existaient pas encore.

Ecoutons l’auteur : « Ainsi Homo médiéval conçut une nouvelle notion de la tecture, celle d'objet, objectum, jeté-en-travers, jeté-devant. Le mot fut une innovation décisive. Le tecte grec, démiurge analytique et synthétique, distribuait ses panoplies et ses protocoles en choses à employer (kHrèmata), en choses à acquérir (ktèmata), en choses à pratiquer (pragmata) ; il parla bien de problèmata, jetés-devant (balleïn, pro), mais uniquement dans la mathématique et dans l'astronomie en tant qu'elle était mathématisable. L'artisan latin connut la res, la chose possédée (skr. raï), l'opus, l'œuvre, le factum, le fait, mais il ne songea jamais à créer un substantif objectum, alors qu'il utilisait le participe passé neutre, "objectum", de son verbe "objicere" (jacere, ob). Il fallut attendre les lendemains de l'An 1000, pour qu'objectum (oculo objectum) devienne un substantif. Mais alors le succès fut foudroyant, répondant sans doute exactement au nouveau destin-parti d'existence cocréateur. En quelques siècles, le français forma objet, l'allemand Gegen-stand (se tenant en face), le néerlandais voor-werp (jeté devant), le russe pried-miet (jeté devant). » (Voir <13J>)

Voir aussi les « Les trois moments de l'objet » (1969), devenu un classique.

 

Œuvre

Une œuvre est une chose-performance (voir ce terme) à la fois stable et perdurante <11I>. Son temps de vie déborde souvent celui de son producteur. L’œuvre peut être techno-sémiotique (habitat, meuble, etc.). Elle peut être purement sémiotique (monument). Elle peut avoir pour simple ambition d’être une œuvre (picturale, musicale, etc.). L’auteur parle dans ce cas de sujet d’œuvre (voir ce terme). Enfin l’œuvre peut être une sédimentation, une accumulation de productions [tissus urbains, productions de l’esprit, etc.].

Dans tous ces exemples, l’œuvre (technique, artistique, politique, etc.) fait partie des parades édifiées par Homo pour lutter contre les déhiscences, dont l’angoisse <4G>, et atteindre un minimum d’unité (unité systémique) alors que la diversité, la complexité et l’hétérogénéité de son système (système hominien) a tendance à le rendre instable <11E>, et sujet aux déhiscences (voir ce terme).

 

Orthogonalisant (corps)

Une des clés qui distingue le corps d’Homo de celui de l’animal <1A3>. Lorsqu’il est redressé le corps d’Homo entretient en permanence un angle droit circulaire au sol. Lorsqu’il est assis son corps crée et entretient deux angles droits opposés. Ses mains, doigts, genoux, coudes entretiennent autant d’angles droits corporels. Rien d’étonnant alors à ce qu’Homo « invente » l’angle droit, et distribue progressivement son environnement selon des plans orthogonaux (perpendiculaires) : largeur (plan transversal), hauteur, et profondeur.

 

Outil

Ne pas confondre avec le terme plus général d’instrument <1B1>. Pour Anthropogénie, les outils sont des instruments articulés en panoplies et protocoles (au sein desquels ils renvoient les uns aux autres). Les animaux peuvent utiliser des instruments (bâtons, pierres, aiguilles,…) parfois de façon répétées. Mais les outils sont propres à Homo. L’instrument (connu de l’animal) devient un « outil » ou un « ustensile » lorsqu’il est utilisé dans la durée ébauchée par un « protocole ». <1B1>

L’outil, l’ustensile et l’arme partagent la même définition, mais leurs usages sont différents. L’auteur précise que l'outil a un usage tranché et saillant, l'ustensile un usage pervasif et prégnant, les armes sont des outils-ustensiles par excellence.

 

Panoplie

Ensemble de « choses » saisies plus ou moins simultanément selon des plans frontaux [donc face au front de plus en plus redressé d’Homo], où elles se détachent sur le fond mais aussi apparaissent comme complémentaires et substituables. Par exemple des panoplies d’outils, d’ustensiles, d’armes, d’ingrédients, de victuailles, de vêtements, et de choses <1B1>. Un troupeau d’animaux peut être vu comme une panoplie <10D2b>. On peut aussi parler de panoplies de sons vocaux ou instrumentaux <10B>. Evidemment la panoplie suppose la découpe préalable du milieu d’Homo, en segments (voir ce terme).

 

Partition-conjonction

La partition-conjonction est une relation qui distingue (côté partition), qui rapproche (côté conjonction), et qui réussit une distinction unifiante. Pour la relation sexuelle au sens fort on parle de partition-conjonction sexuelle <7H2>. Dans les autres cas, on parle de partition-conjonction universalisée, comme par exemple : pour la relation tenon-mortèse <7H2a>, pour les couples concaves-convexes <7H3>, et parfois pour les relations diversement modulées entre le mangeur et le mangé, le chasseur et le chassé, le constructeur et le construit, l'écoutant et l'écouté, l'imageant et l'imagé, le tueur et le tué, le voleur et le volé. <7H3>. Ne pas confondre avec la distinction saillance / prégnance. La partition-conjonction est UNIFIANTE. La saillance / prégnance est OPPOSITIVE. (Voir le terme saillance / prégnance).

 

Peinture

Procédé d’abstraction quasiment illimité qu’est une substance fluide diversement étendable et colorable à partir de quoi toute forme peut naître <14B3>.

 

Perceptivo-moteur

« Perceptivo » concerne la perception (de signaux, de stimuli) et « Moteur » concerne la motricité (facultés motrices, mouvements). Les deux types d’éléments (perceptifs et moteurs) sont très étroitement liés. Par exemple, dans les stimuli-signaux chez l’animal, ou chez Homo, telle perception déclenchera tel mouvement. Tout ce qu’Homo perçoit (vue, toucher, ouïe, odorat, goût) peut donner lieu à des réactions motrices. Lorsque ces réactions sont nombreuses (à l’occasion d’une caresse, de la conduite d’une voiture, etc.) il se crée des champs perceptivo-moteur. Voir aussi les termes « champ perceptivo-moteur » et « perçu-mu » .

 

Perçu-mu

Il est important de noter que depuis 1960, on considère qu’il y a non seulement des régulations du « mu » (moteur) par le « perçu » (perception), mais aussi des régulations du « perçu » par le « mu ».

Pour la vue, par exemple, grâce aux découvertes (1960) de Hubel et Wiesel, on sait que dans le système nerveux visuel des mammifères les informations qui véhiculent la forme, la couleur et le mouvement sont transmises par des canaux indépendants et qu'elles ne se totalisent nulle part dans des cellules multisensorielles. Pourtant le chat attrape la souris. C'est que les séries neuroniques perceptives sont non seulement interconnectées entre elles mais aussi interconnectées avec les actions neuroniques motrices, qui, elles, répondent fatalement aux séries continues qui forment la proie, le prédateur, le partenaire, leurs mouvements réciproques. La continuité ou du moins la normalisation de la motricité intervient sans doute alors dans la continuité (vécue) de la perception, malgré les discontinuités d'enregistrement qui la supportent.

[Le lecteur notera qu’un phénomène analogue apparaît à propos du rythme (dégagé par la musique, la danse, etc.). Le rythme permet de compatibiliser des incoordonnables, un peu comme le mu permet de coordonner le perçu]. Voir aussi les termes « effet de champ » et « rythme ».

 

Performance

Anthropogénie utilise le mot performance au sens courant : réalisation, accomplissement, action. [Concrètement la performance correspond à un verbe d’action, comme par exemple marcher, parler, chanter, danser, segmentariser, indicialiser, indexer, etc.] Toute performance d’Homo est associée à une chose, et inaugure une situation, elle-même entourée d’une circonstance et d’un horizon. D’où cette formule qui sera une clé permanente de l’anthropogénie : Choses-performances-en-situation-dans-la-circonstance-sur-un-horizon (voir ce terme).

 

Perspective

Au sens fort la perspective suppose le référentiel d’un cadre vrai <14A11>. Voir aussi le terme cadre.

 

Philosophie

Les philosophies, comme les sciences, sont des théories des choses. Et, en tant que théories, elles sont systématiques <21>. Les choses auxquelles s’intéressent les philosophies sont les choses ultimes, premières et dernières (-sophie). <21C1>. Et, selon l’époque et la philosophie, les éléments premiers auxquelles elles se sont intéressées ont varié sensiblement (feu/terre/eau ; monde/conscience ; fonctionnement/présence ; réalité/réel).

 

Phonème

Unité sonore distinctive pertinente dans un dialecte. On les écrit d’ordinaire : /b/, /p/, /i/, etc., et on prend soin de ne pas les confondre avec des unités phonétiques, qui sont les manières dont chacun prononce un « a », un « p », un « i ». <16A1>

Selon Jakobson et Halle, une matrice de douze traits oppositifs (compact/diffus, aigu/grave, nasal/oral, etc.) permet de définir pour tous les nourrissons du monde tous les phonèmes de  tous les dialectes du monde. <16A1>

La couche phonématique est une des quatre couches qui forment le langage détaillé (voir ce terme).

Voici un paragraphe entier d’Anthropogénie, à propos des phonèmes ; « On voit donc la duplicité des phonèmes. Ils sont artificiels, culturels, malgré le poids qu'ils charrient de dimensions physiques, et ils débordent donc l'ordre des indices (signes pleins). En même temps, ils ne sont pas une affaire de purs index (signes vides), puisqu'ils dégagent des sens intrinsèques, par exemple un parti d'existence général, et même des significations particulières dans les couples oppositifs. Déjà leur degré de distinction ou de non-distinction est un parti existentiel très prégnant. La haute distinctivité des phonèmes, des syllabes, du phrasé du français et la basse distinctivité de ceux de l'anglais manifestent deux attitudes presque opposées à l'égard de la catégorie physique information/bruit. L'opposition entre le chinois, très vocalique, et l'arabe, très consonantique, est aussi symptomatique. Les effets de champ stables, cinétiques, dynamiques, excités ainsi engagés, surtout dans le phrasé, ne sont pas seulement perceptivo-moteurs mais aussi logico-sémiotiques <7E>, proposant des taux marqués dans certains modes d'existence : bluff/soumission, sérieux/jeu, exploration/coquetterie, rêve/rêverie <6B> ; et aussi dans certains modes du possible <6C> : nécessaire, contingent, plausible, etc. Le fait que, sauf exception rhétorique, le français met canoniquement l'accent sur la dernière syllabe du mot, ou plus exactement du groupe phonétique, produit une diction tranchante, invitant déjà le locuteur à avoir sur tout des opinions tranchées : "Je vis très évidemment et très certainement que..." (Descartes). » <16A2>

 

Phrasé

L’une des quatre couches du « langage détaillé (parlé) ». Voir ce terme.

 

Plan transversal

[Le plan transversal correspond à celui d’un écran de cinéma face à nous]. Dans un référentiel euclidien (largeur, profondeur, hauteur), le plan transversal (frontal, facial) correspond à celui de la largeur.

Le rôle du plan transversal est essentiel dans Anthropogénie. C’est le plan où s’inscrit d’abord [et principalement] le corps d’Homo, contrairement au corps de l’animal qui s’inscrit principalement dans une dimension rostrale/caudale (avant/arrière). C’est dans ce plan transversal que s’inaugurera et se confirmera la SEGMENTARISATION (et la PANOPLIE) propres à Homo <1A2>. Chez Homo, les deux autres plans (avant/arrière, et horizontal) sont subordonnés au plan transversal.

 

Plasticien / plastique / plasticisme

Familièrement un plasticien est un créateur de formes. Par exemple : un sculpteur néandertalien, un scribe chinois, un architecte qui construit des englobements plastiques. Anthropogénie utilise cette notion notamment à propos des tectures, des images, des écritures. Par exemple les alphabets produisent des écritures beaucoup moins plasticiennes et insistantes que les écritures précédentes (plasticiennes et insistantes).

L’auteur utilise aussi le mot (plasticien) à propos des théories des choses (Philosophie, Sciences). Il décrit ces théories comme plasticiennes à l’origine et non-plasticiennes aujourd’hui. La découverte des formations aminées, tout au long du 20ème siècle, viendra déjouer radicalement le plasticisme traditionnel d'Homo. Dans ses théories plasticiennes Homo voit la création du Monde comme l’œuvre d’un plasticien, qui façonne, modèle, crée, manipule (manuellement ou mentalement). Les dieux étaient des sculpteurs, peintres, géomètres, arithméticiens, charpentiers, maçons, tisseurs, bref plasticiens au sens grec.

Voir aussi le terme "archimédisme" (non plasticien).

 

Point de vue

A tous égards, la vue d'Homo debout ou assis globalise, fait globe, est globale, au propre et au figuré. <1C1a>. Du même coup, Homo a introduit dans l'Univers le point de vue, et plus exactement la prise de point de vue, en raison de sa station debout et d'un cou gracile à mouvements très contrôlés, c'est-à-dire progressifs et lissés, permettant de régler et caler les points de départ et les angles du regard. <1C1b>

 

Point de vue sur l' / d' Univers

L’auteur utilise régulièrement l’expression « Point de vue d’Univers ». Et chaque fois, il rappelle qu’il ne s’agit pas simplement d’un « Point de vue surl’Univers », position situable, descriptible [géométrique, comme celle que pourrait prendre un télescope].

En fait le « Point de vue d’univers » suppose non seulement la vie, qui interagit avec l’Univers, mais il suppose aussi Homo. L’auteur introduit la notion de « Point de vue d’univers », à propos de celle de « corps propre » irreprésentable, non déterminable ni situable spatio-temporellement, et finalement indescriptible. Le « Point de vue d’Univers » est un état-moment où l'Univers entre en résonance fonctionnelle et présentielle avec lui-même [ou avec certains de ses éléments] ; résonance plus ou moins vaste et plus ou moins intense selon les cas <11C>.

 

Possibilisation

Penchant à se mouvoir dans les possibles <6>. Chez Homo, ce penchant est démultiplié par ses capacités techniques, le régime endotropique de son cerveau, et ses capacités d’indicialiser et d’indexer.

Déjà, en tant qu’animal technico-sémiotique, Homo est capable de découper (segmentariser) son environnement en segments coaptables et substituables, pouvant être ailleurs que là où ils sont, ou pouvant être ce qu'ils sont dans un autre moment.

Mais ensuite, en tant qu’animal possibilisateur, Homo dispose aussi de l'indicialité <4> et de l'indexation <5> qui lui permettent d’ouvrir l'ordre de la thématisation en distanciation, et pas seulement à distance, d'un segment par l'autre. [Et donc de passer de l’ordre technique à l’ordre sémiotique]. Le possible, en effet, n'est pleinement lui-même qu'au moment où les notions de "sous d'autres formes", "ailleurs", "en d'autres temps", "sous un autre angle", "dans d'autres glissements processionnels" échappent au poids de matérialité fonctionnelle de la thématisation technique. De plus, il n'y a de possibilisation franche que si, dans le maniement des segments, le régime endotropique du cerveau associatif et neutralisateur devient de plus en plus indépendant de son régime exotropique. A quoi contribuent fort l'indicialité et l'indexation <6>.

 

Prégnance

Voir le terme « saillance / prégnance ».

 

Présence

Ne pas confondre avec PRESENTIVITE. La PRESENCE est une notion philosophique. Tout ce qui n’est pas descriptible est du domaine de la PRESENCE. Cette PRESENCE est occasionnée par les fonctionnements du cerveau. Elle existe chez l’animal comme chez Homo. Mais chez Homo elle peut faire l’objet de conduites PRESENTIVE, ou PRESENTIFIANTES, et donc de choix d’existence.

La PRESENCE n’est pas descriptible. Sa seule détermination pertinente est d’être (être un réel). Elle est en contraste avec les fonctionnements qui eux sont toujours descriptibles. Les termes « fonctionnement » et « présence » sont quasi-indissociables ainsi qu’en témoigne la déclaration philosophique fondamentale de l’auteur : Dans l'Univers il n'y a que des fonctionnements (descriptibles) et des présences (indescriptibles).

Si la présence n’est pas définissable en soi, elle est définissable par ce qu’elle n’est pas. Elle n’est pas fonctionnement(s), pas descriptible, pas coordonnable, pas référable, pas imaginable, pas sémiotisable, etc.

La notion de présence apparaît dès le chapitre 2 d’Anthropogénie (Un cerveau endotropique), et elle occupe une place essentielle au chapitre 8 (La distinction fonctionnements / présence). Pour Henri VAN LIER, sa base est physiologique ainsi qu’en témoigne la citation suivante, extraite du texte De la Métaphysique à l’Anthropogénie : « On peut croire qu'elle [la présence] survient quand ont lieu des connexions, déconnexions et clivages [cérébraux] inimaginablement multiples, riches, serrés spatialement et temporellement, où intervient sans doute plus de Chimie que de Physique, même si les deux sont requises. C'est le cas des cerveaux humains et animaux quand des dizaines de milliards de neurones avec chacun des centaines de synapses s'y trouvent dans cet état d'activation physico-chimique particulier qu'on appelle l'éveil. »

Cela dit, si la PRESENCE n’est pas spécifique à Homo, les conduites PRESENTIVES et PRESENTIFIANTES, et la PRESENTIVITE, le sont nettement plus.

Voir le terme présentivité, ainsi que les termes conscience et destin-parti d’existence.

 

Présentivité

Anthropogénie s’intéresse à la présentivité en tant qu’un des quatre référentiels qui permettent de décrire le destin-parti d’existence qui caractérise une époque, un peuple, un individu, un artiste, ou tout accomplissement d’Homo.

Dans ce référentiel de PRESENTIVITE, peuvent s’inscrivent des TAUX VARIABLES de fonctionnements/présence, de présence/absence (singulier), de présences-absences (pluriel), de réalité/réel, mais aussi de besoin/désir, de communication/communion, d’accent sur les fantasmes de choses-performance ou sur les fantasmes de *world, ou de partition-conjonction, ou encore sur le fantasme fondamental. <8H>

Si la PRESENCE n’est ni descriptible, ni productible, Homo peut toutefois choisir des comportements, des fonctionnements, des performances, des accomplissements qui occasionnent des TAUX DE PRESENCE plus ou moins élevés. A cet égard Homo se distingue nettement des autres animaux, lorsqu’il cultive plus ou moins systématiquement des expériences PRESENTIELLES, adopte des conduites PRESENTIVES ou PRESENTIFIANTES, et tend à faire des choix qui augmentent (ou diminue) les TAUX DE PRESENCE(S) (indescriptible), notamment par des rites (sacrificiels, mortuaires,…), par la méditation, par des danses exténuantes, par le jeûne, par l’orgie, par la recherche du réel versus la réalité, par le désir versus le besoin, par des drogues, par des caresses et orgasmes, par le mysticisme, par la signifiance, par l’art extrême, par la recherche de PRESENTIELS-PRESENTIFS, et finalement par tous les choix plus ou moins délibérés qu’il fait de fonctionnements (descriptibles) qui occasionnent des TAUX DE PRESENCE (indescriptible) plus ou moins élevés. <8C>.

Anthropogéniquement, alors, Homo est non seulement un animal TECHNIQUE, SEMIOTIQUE, et POSSIBILISATEUR, mais il est aussi un animal PRESENTIFIANT, et PRESENTIF, qui fait des choix de PRESENTIVITE.

Voir aussi le terme Destin-Parti d’Existence.

 

Processus

Ne pas confondre avec protocole (voir ce terme). Un processus est formé d’étapes qui s’enchaînent de manière déterminée et relativement autonome.

Traditionnellement les processus avaient un but. Aujourd’hui, toutefois, ils sont souvent disponibles pour des fins multiples. Par exemple les processus photographiques, cinématographiques,… peuvent avoir des buts multiples, et se dérouler de manière largement indépendante des photographes et cinéastes <14I1>. Anthropogénie parle aussi de processus techniques (tuyaux, fils, plastique, verre, béton,…) <13M1>.

 

Protocole

Ne pas confondre avec processus (voir ce mot). Un protocole est une séquence réglée d’opérations, substituables. Par exemple des protocoles culinaires, ou de tissage, [dont tout ou partie des opérations peut être reséquencé, ou remplacé par d’autres]. <1B1>

 

Réalité

Ne pas confondre avec le réel. La réalité couvre tout ce qui appartient aux fonctionnements, depuis les atomes jusqu’aux galaxies lointaines <8E1>, et peut donc être décrit par Homo. <8A>. Une Réalité est un Réel adéquatement apprivoisé par Homo (par ses signes). <21C3>, rien ne garantit (toutefois) que le Réel ne déborde pas grandement la Réalité. <21E>.

[Il y a autant de réalités que de perception et/ou description. Les réalités sont multiples. Le réel est unique. La réalité d’un enfant, d’un adulte ou d’un vieillard n’est pas la même. Et si l’homme percevait ce que perçoit un chien (dans un monde d’odeurs), ou un poisson (dans un monde de saveurs), ou un oiseau (dans ses vues étroites mais à grande profondeur de champs) ses Réalités seraient à chaque fois différentes].

 

Réel

A ne pas confondre avec la Réalité, qui est multiple. Le Réel est unique. Il désigne ce qui ne peut être décrit, et ce qu’Homo ne pourra jamais ressaisir dans ses systèmes. Il implique la présence-absence (voir ce terme). <8E1>.

C’est la photographie qui donne le mieux à saisir ce qu’est le Réel. Ses grains photographiques donnent des émergences, échappent largement à la Réalité (qui est le Réel déjà apprivoisé dans nos systèmes de signes). Dans une photo l’état-moment d’Univers saisi n’est pas le « quelque chose » (Réel) qui a émis des photons, mais bien la « catastrophe chimique contrôlée » (Thom) que ceux-ci (ces photons) ont produite dans la pellicule. <14I2>.

 

Référentiels primordiaux

Pour Henri VAN LIER, il y a quatre référentiels primordiaux au sein desquels s’inscrivent les choix d’existence d’Homo (voir le terme Destin-Parti d’Existence).

 

Rencontre

Ne pas confondre « rencontre » avec « encontre ». Les animaux connaissent déjà ce que l’auteur appelle « encontre ». Ils connaissent en effet les rassemblements, l’intercérébralité, l’approche, le contact, etc. Par contre cette « encontre » (qui existe bien sûr aussi chez Homo) ne devient une « r-encontre » (au sens plein) qu’à partir du moment où elle acquière un caractère réciproque, intensif, thématisé, réduplicatif, et donc distanciateur <3A>. La rencontre est nécessaire à la vie sociale. Et la vie sociale participe à la sélection (darwinienne) d’Homo. L’auteur lui consacre le troisième chapitre d’Anthropogénie.

 

Représentations corporelles endotropiques fantasmatiques

Les trois éléments clés de l’amont du spécimen hominien (voir ce terme) sont les schèmes corporels, le corps propre, et les représentations corporelles endotropiques fantasmatiques.

Les représentations corporelles endotropiques fantasmatiques ne se limitent pas à de simples images (visuelles fantasmées) du corps. Ce sont aussi des images auditives, olfactives, tactiles, kinesthésiques, cénesthésiques, discourantes du corps. Il y a autant de distance entre ces représentations corporelles fantasmatiques et les images du corps qu’entre les schèmes corporels et les performances motrices extérieures du corps. Par ailleurs ces représentations corporelles sont en causalité circulaire privilégiée avec les schèmes corporels, et avec le corps propre (comme caresse et comme réserve). <11D>

 

Rite (hominien)

L’auteur évoque les rites sans toutefois les définir. Il parle des rites sacrificiels et rites de consécration à propos de ce qu’il appelle la « possibilisation » <6G2>. Des rites secrets, voire cryptés, à propos de ce qu’il appelle la « présence » <8F5>. Des rites d’échanges avec le monde animal <11H4>. Des rites confucéens, entendus comme attention interrogative. Des rites bacchiques, comme exutoires dionysiaques des profondeurs <22>.

Le point clé est que le rite hominien (où la thématisation est toujours forte) n’a rien à voir avec le rituel animal (voir ce terme).

 

Rituel / ritualisation (animal)

L’auteur parle de ritualisation au sens des éthologistes. Voici ce qu’il en dit. Dans une circonstance conflictuelle ou simplement difficile, un animal produit des réactions : lever les ailes, manger, détourner le bec, saisir un élément du futur nid, etc. Enregistrées par ses congénères, certaines de ces réactions peuvent devenir pour ceux-ci des signaux de son comportement futur probable. Il arrive alors qu'une (ou une suite) de ces réactions devienne pour le groupe le signal de ce comportement (de fuite, de rassemblement, d'accouplement). Cela dit, rien dans la ritualisation selon Huxley, ne sort de la concaténation animale de l'instinct et de l'apprentissage par conditionnements "pavloviens" (passifs) ou "opérants" (par essais et erreurs), et les signaux retenus là fonctionnent comme des stimuli-signaux (voir ce terme). <4A>.

 

Rythme

Le rythme est la réitération possibilisée <6>. Le rythme, pris au sens d’Anthropogénie est propre à Homo. Il est présent dans presque tous les chapitres d’Anthropogénie. Il se serait initié avec le pas et la marche, l'aller et retour de la respiration, voire la systole et la diastole du cœur. Il aurait évolué dans les activités techniques (taille, polissage), la démarche et la danse. Mais c'est dans le son tenu-tendu, le ton (musical), que ses huit aspects se thématisent, deviennent même l'objet propre recherché, comme expérience ultime de l'existence. <15B10>.

Les huit aspects du rythme (illustrés ici pour la marche) sont les suivants <1A5> :

  1. L’ALTERNANCE PERIODIQUE ET METRONIMIQUE (Un pas puis l’autre)
  2. L’INTERSTABILITE  (Le pas n’est ni stable, ni instable)
  3. L’ACCENTUATION (Le pas peut marquer la cadence : battue ou levée)
  4. LE TEMPO (La vitesse du pas peut varier : rapide, lente, coulée, saccadée, etc.)
  5. L’AUTO-ENGENDREMENT ET SUSPENS (Chaque pas réengage le pas suivant)
  6. LA CONVECTION (Il y a coordination « obligée » avec la marche des autres)
  7. LE STROPHISME (Les pas sont regroupés en épisodes ou « strophes »)
  8. LA DISTRIBUTION DU RYTHME PAR
    1. NOYAUX, qui condensent [comme le pas cadencé, appuyé],
    2. ENVELOPPES, qui modèlent [comme le pas clivant ou envoûtant],
    3. >RESONANCES, qui déclenchent [comme le pas tremblant, vibrant, frétillant],
    4. INTERFACES, qui ouvrent et ferment [pas épisodique du fantôme].
Par ses huit aspects, le rythme permet de compatibiliser, concilier des séries incoordonnables, c'est-à-dire des séries qui, sans être incompatibles, dépendent d'attracteurs trop divergents pour que leurs résultats soient indexables selon les mêmes axes de coordonnées, de facto, sinon de jure. (Voir aussi les termes « déhiscence » et « perçu-mu »). [Par exemple les séries des cycles biologiques, des fonctionnements techniques, des signes analogiques et/ou macrodigitaux qui répondent à des attracteurs différents sont incoordonnables].

Le rythme joue un rôle essentiel dans l'unité du système hominien qui, par ses aspects hétérogènes et hétéroclites, pourrait éclater (se déchirer) à tout moment. Voir aussi le terme Rythme (distribution / multiplication) ci-après. Et, voir la fiche thématique sur le rythme (dans espace THEMATIQUES http://www.anthropogenie.com/themes.html ).

 

Rythme (distribution / démultiplication)

Mode de démultiplication, propagation du rythme (physiologique, technique, musical) selon quatre modalités <11F> :
  • Démultiplication par NOYAUX : Dans ce cas, le rythme se démultiplie par attraction, par densité, mais aussi par modules. Par exemple [les battements du cœur ou du tambour]. Par exemple aussi la musique de BACH ou des ROLLING STONES, ou encore l’architecture romane [où le rythme est distribué (réitéré) par la densité (attraction) des colonnes et des surfaces].

  • Démultiplication par ENVELOPPE : Dans ce cas, le rythme se démultiplie par exclusion, contours plus ou moins fermés / ouverts, imperméables / poreux, mais aussi par clivages, découpes, limites, contrastes. Par exemple la musique de MOZART et des BEATLES, ou encore l’architecture gothique [où le rythme est distribué (réitéré) par des vides que ponctuent des colonnes et surfaces, aussi légères que possible].

  • Démultiplication par RESONANCE : Dans ce cas le rythme se démultiplie par toutes les formes de relation autres que l'attraction et l'exclusion, tels les homéomorphismes, les isotopies, les synchronies, etc. Par exemple [les vibrations immobiles de la contrebasse], ou la musique de BEETHOVEN, SCHUMANN et LED ZEPPELIN, ou encore l’architecture du Baroque-Rocco [où le rythme est propagé (réitéré) par des spirales et des profusions d’alternances concaves-convexes].

  • Démultiplication par INTERFACE : Dans ce cas le rythme fait qu'une portion de lui-même est ou apparaît comme un relais de conversion entre deux ou plusieurs autres portions de rythmes. Il peut s’agir de transductions rapides ou lentes, lestes ou difficiles, déchirantes ou amusantes. Par exemple le rythme [de la caresse et] de l’orgasme, de la musique de WAGNER et THE WHO, ou encore celui de l’architecture moderne où la rythmisation (réitération) par interfaces [porteuses de changements de rythme] est sans doute la seule praticable pour un habitant fenêtrant-fenêtré dans des réseaux aréolaires <13M5fin>.

 

Saillance / prégnance

La saillance exprime le ressaut. La prégnance exprime la résonance. Les couples masculin / féminin, tranché / vaste, centré / périphérique sont des couples saillant / prégnant. Est saillant ce qui se prélève fortement sur un fond. Est prégnant ce qui est en résonance intense avec les saillances.

On peut parler de la saillance et de la prégnance des époques historiques, des grands hommes, des grands événements. Les indices nourrissent la prégnance. Les index confirment ou provoquent la saillance. Ne pas confondre avec la « Partition-Conjonction » (voir ce terme), où la distinction est UNIFIANTE. Dans la Saillance / prégnance la distinction est OPPOSITIVE.

 

Schéma

Imagerie particulière qui réduit le nombre d’éléments de l’analogie, souvent à très peu, ce qui lui permet la cohérence des panoplies et des protocoles. Il ramène les formes subtiles de l’analogie à des traits, des points, des traits-points. <14A6> Voir aussi les termes analogie et trait-point..

 

Schème

Les trois éléments clés de l’amont du spécimen hominien sont les schèmes corporels, le corps propre, et les représentations corporelles endotropiques fantasmatiques.

Un schème n’est pas un schéma, mais une représentation (par exemple une représentation mentale d’un évènement ou d’une action. L’auteur ne s’intéresse guère au schème en général. Il s’intéresse surtout aux schèmes corporels, dont des exemples seraient : le saut corporel (en général), la chute corporelle (en général), la possession (corporelle), l’abandon (corporel), etc. Dans un schème (corporel) il y a au moins autant d’imagination, et parfois d’imaginaire, que de perception et de motricité effective. <11B>.

Au néolithique, les images cadrées vont se développer avec une distinction et une sériation jusque-là inconnues. Tout se passe comme si Homo s’était mis à percevoir les choses et leurs images comme des récurrences du Même avec quelques variations, puis comme si le monde entier (*Woruld) sortait maintenant du schéma, et que le schéma devenait Schème. <14D>

 

Segment

Anthropogénie utilise le mot segment dans son sens étymologique de "segmentum", le produit d'une coupure ("secare", couper). C’est d’abord une notion physique [trace de sanglier, tronçon de bois, dalle de sol par exemple]. Mais ce n’est pas seulement une notion physique. Pour Anthropogénie un segment est une portion d'univers (environnement) prélevée [physiquement, visuellement, ou mentalement] sur des portions voisines, que celles-ci soient déjà des segments ou qu'elles forment encore un fond indifférencié sur lequel des segments se détacheront.

Lorsqu’ils sont substituables entre eux, les segments sont saisis comme pouvant être ailleurs que là où ils sont, ou comme pouvant être ce qu'ils sont dans un autre moment, ou encore comme pouvant se transformer en autre chose qu'eux-mêmes. [Leur substituabilité les rend potentiellement conceptualisables]. En plus de sa franchise, la coupure comporte une certaine séparation et une certaine fermeture : aussi la segmentarisation crée-t-elle des limites, et donc des parts, des parties [, des clivages]. Elle est propre à Homo. [Il n’y a pas d’Homo sans segmentarisation]. Les animaux antérieurs avaient déjà arraché, accumulé, mais jamais segmentarisé, ni débité. Même le singe supérieur brise, mais ne coupe pas. Il découpe encore moins <1A>.

Malgré toutes ses propriétés, le segment n’est pas encore un « signe » (voir ce terme). Le segment [en tant que segment] appartient à l’ordre technique, mais pas encore à l’ordre sémiotique. Pour qu’il devienne un signe il faudra non seulement qu’il devienne un thématiseur, comme par exemple un doigt pointé (un index) qui pointe (thématise) un objet mais il faudra aussi qu’il devienne un thématiseur « pur » c’est-à-dire qu’il ne fasse rien d’autre que thématiser, comme par exemple dans une statue où tel ou tel segment thématisera un mollet, une cuisse, un ventre, un sein, un bras, un cou, une tête, etc <14A1>. Une fois sémiotisé, le segment pourra désigner une chose, une performance, une qualité, un nombre, un ordre, etc. <16C1>. Des segments sonores comme "coucou", "bê-bê", "meû-meû" pourront caractériser des animaux, voire des populations d’animaux <10D2b>, dès les premiers moments du langage massif (voir ce terme).

Pour l’auteur, Homo découpe (physiquement, visuellement, mentalement) son environnement en segments, à partir de quoi cet environnement n’est plus simplement un milieu (animal), mais devient un *Woruld (voir ce terme).

[Il n’est pas plus facile de lire Anthropogénie sans la notion de segment que de lire un traité de chimie sans la notion d’atome. Sans segment il n’y a ni technique, ni sémiotique, ni Homo].

 

Sémiotique (adjectif)

Est sémiotique ce qui a les propriétés du signe (voir ce terme). L’auteur parle de corps sémiotique, environnement sémiotique, horizon techno-sémiotique, système sémiotique, ordre sémiotique, champ sémiotique, conflit sémiotique, statut sémiotique, etc.

L’auteur utilise peu le terme sémiotique dans sa forme substantive. En voici malgré tout quelques exemples : la sémiotique de l’index, la sémiotique des effets de champ,… ou dans la phrase « La magie est une double contamination par laquelle le technique prend force de sémiotique, et le sémiotique prend force de technique ».

 

Sens

L’auteur décrit le champ sémiotique comme englobant les significations (voir ce terme), les sens (pluriels), le sens / non-sens (singulier), le Sens / Non-Sens (majusculé), la signifiance (voir ce terme) <8F>.
  • Lorsque les désignés sont vagues, ou bien imparfaitement pointables, ou bien franchement pointés mais indéterminés, on dit volontiers que leurs désignants ont des sens (plutôt que des significations), comme dans l’expression « dans quel sens prenez-vous ce mot ? ». <8F2>

  • Mais, il peut arriver que les sens d’abord pluriels deviennent un sens singulier, où se dégage un « cours général des choses », comme dans l’expression « donner du sens à son existence ». Le non-sense anglais, dont le non-sens français est un équivalent trop rationaliste, désigne un ébranlement qui touche justement ce sens-là (le cours général des choses). <8F3>

  • Enfin, il peut arriver que le « sens / non-sens », dans son acceptation courante, devienne un Sens / Non-Sens majusculé, lorsqu’il revêt un caractère absolu <8F4>.

 

Séquencème

Les séquencèmes sont des séquences thématisées de plusieurs glossèmes. La couche des séquencèmes est une des quatre couches du langage détaillé (voir ce terme). L’auteur précise qu’il s’agit d’une « séquence thématisée », parce que la séquence proprement dite (l’ordre) des glossèmes participe à la signification. [Le séquencème « Toi manger lion », n’est pas équivalent à « Lion manger toi ».]

 

Signal

Ne pas confondre avec signe (Voir ce terme). Le signal existe depuis dix milliards d'années environ. C’est un phénomène physique par lequel des informations sont transmises. Il existe avant la vie, l’animal et l’homme. Un ciel étoilé est une formidable source de signaux. (Voir aussi stimuli-signal).

 

Signe

L’auteur propose plusieurs définitions du signe, dont voici la première « Un signe est un segment d’Univers (indice, index, image, son, ton, etc.) qui thématise d’autres segments (d’Univers), et en tant que signe, s’épuise (se borne à) cette thématisation ».

[Toutes les définitions du signe, données par l'auteur, se résument à dire que le signe est un « Thématiseur pur » (voir ce terme)] <4A>. Le titre de la section où il définit le signe est particulièrement éclairant sur ce point. Ce titre est « 4A. De l'ordre technique à l'ordre sémiotique. L'émergence des signes comme thématiseurs purs. Thématisation sémiotique vs ritualisation animale ».

Les trois dimensions du signe sont (1) ses rapports avec les autres signes du même système, (2) les rapports que le signe, thématisant, entretient avec ses thématisés, (3) les rapports du signe thématisant avec les thématiseurs qui les produisent. <20A>.

Les signes confèrent à Homo d'éminents pouvoirs. Ils sont généralisables. Les indices peuvent se regrouper progressivement en espèces, genres, familles, classes, ordres, règnes, formant des Arbres de Porphyre. Les index peuvent se purifier jusqu'à devenir les droites, les angles et les flèches de la mathématique. < De la métaphysique à l’anthropogénie (2006) >.

Anthropogénie identifie les signes suivants :

  • L’indice, signe primordial <4B>, plein (avec des désignés prédéterminés),
  • L’index, signe intentionnel <5D>, vide (sans désignés prédéterminés),
  • L’effet de champ <7K>, signe vide (résultat de signes proliférants),
  • L’image (massive), signe intentionnel, artificiel, représentatif (par analogie) <9C>
  • La musique massive (protomusique), toutefois encore proche du signal <10C4>
  • Le vocable massif, première production sémiotique urgente de la voix d’Homo <10D1>
  • Les tectures, par leur qualité d’images massives <13N>
  • Le ton, signe musical, par ses indexations <15C2>
  • La quadruple articulation du langage parlé (voir ce terme) <16E>.
  • Les signes des écritures (langagières, musicales, mathématiques) <18C>.
Pour Anthropogénie on ne peut « thématiser » que des « segments ». D’où la possibilité de définir un signe soit comme un « segment qui thématise », soit tout simplement comme un « thématiseur ». On notera que dans les deux cas le signe est « extérieur » au cerveau, et se distingue du concept, qui lui est « intérieur » au cerveau. (voir le terme concept).

Avoir ajouté à des segments qui "font signe à" (techniquement) des segments qui "signifient" (sémiotiquement) fut peut-être, pour l’auteur, le saut d'Homo habilis à Homo erectus <4A>.

[Ndlr : On remarquera que lorsqu’il parle du signe, l’auteur prend parfois le soin de préciser qu’il s’agit d’un « thématiseur pur » (Un thématiseur pur s’épuise dans sa thématisation). Mais, presque toujours il s’affranchit de le préciser. Pourtant les « thématiseurs » ne sont pas tous des « thématiseurs purs ». Par exemple, la danse ou la marche, qui existent avant le signe, peuvent déjà être des « thématiseurs » sans pour autant être des « thématiseurs purs »). Ou encore le tournevis qui thématise la vis, mais qui n’est pas un thématiseur pur, dans la mesure où il ne s’épuise pas dans cette thématisation technique. Sauf mention contraire, le lecteur considérera que le signe est un « thématiseur pur », ou un « thématisant pur » et non un simple « thématiseur ».]

 

Signe plein

Les signes pleins ont des désignés déterminés (des fruits, des animaux, des outils, etc.). Les indices, les images, les noms de genre ou de qualité sont des exemples de signes pleins.

 

Signe vide

Les signes vides ont des désignés multiples, non pré-déterminés (comme par exemple les mots ici, là, oui, non, etc.). Les index (pointeurs) sont des signes vides. Ils ne sont pas perturbés ou troublés par leurs désignés. <19>. La mathématique n’a aucun désigné déterminé, elle ne manipule que des signes vides. La musique détaillée non plus n’a guère de désignés déterminés (sauf peut-être quelques musiques funèbres, ou très ciblées), et elle s’applique généralement à des désignés multiples [la même musique peut accompagner des films et spectacles très différents]. <15C1>

 

Signifiance

L’auteur parle de signifiance lorsque dans les signes, on insiste tellement sur les désignants comme désignants que les désignés prennent un statut lointain, voire facultatif. On en trouve des exemples dans des désignants tels que "la démocratie", "le devoir", "l'avenir", "la patrie", mais aussi dans les sciences exactes dès lors qu'elles sortent de leurs propositions contrôlables. On parle parfois alors de signifiance, par opposition à signification et à sens, un peu comme on distingue la souvenance, à contenu flottant, du souvenir, à contenu déterminé. Et cela qu'il s'agisse de signification, des sens (pluriels), du sens (singulier), du Sens (majusculé). Voir le terme sens. <8F6>.

 

Signification

Emploi le plus courant du signe, où le signe (désignant) thématise un désigné défini, souvent pratique [marteau, cheval, arbre, feu], et ce désigné est si prégnant ou saillant que le signe s'efface devant lui en tant que désignant. <8F1>. A ne pas confondre avec le cas où le signe thématise un désigné vague (voir les termes sens et signifiance).

 

Situation

Ne pas réduire situation à situs. Un situs ne devient une situation que lorsqu’Homo prend position (frontalement) par rapport à lui, et le décline en choses, en panoplies et en protocoles <1B2>. Homo transforme le simple situs en situation par la distance technique et la distanciation sémiotique <25A4>.

Tout être de l’univers, qu’il s’agisse d’un minéral, d’une plante, d’un animal, par l’ensemble des performances qu’il est, y ouvre et entretient un situs, c’est-à-dire une étendue et une durée ambiante, grâce à quoi il est discernable (Leibniz). Or, toute performance d’Homo non seulement installe pareil situs, mais de plus inaugure une véritable situation, mélange de clôture et d'expansion possible d'un situs <9C3>. Pour Homo, suite à sa stature frontalisante, la position d’un situs devient maintenant une prise de position <1B2>. C’est dans ce sens qu’il convient de prendre le mot situation lorsqu’il apparaît dans l’expression choses-performances-en-situation-dans-la-circonstance-sur-un-horizon.

 

Société

Une société n’est pas seulement une communauté (voir ce terme). L’auteur écrit « la société, elle, suppose non seulement la technique mais le signe. Il lui faut le champ des indices et celui des index, avec leur conséquence de commerce, de pouvoir, de faux pas. Le socius, terme thématisé par Janet autour de 1900, désigne alors le spécimen hominien dans la mesure où il fonctionne dans le champ technique et sémiotique. <5G6> » Bref, il n’y a pas de société sans technique (panoplie, protocoles, outils, *Woruld) et sans signes (indices, index, etc.).

 

Sous-cadre

Invention des Empires Primaires (Sumer, Egypte, Inde, Chine, Olmèques, Maya, Aztèques). Voir le terme cadre. Le sous-cadre permet les « imbrications », et avec lui, le MONDE 1 (continu-proche) initialement « agrégatif », peut devenir « imbricatif ».

 

Stade

Ne pas confondre avec strate (voir ce terme). Par exemple les images massives sont un stade de développement qui précède les images détaillées. Mais elles sont aussi une strate de toutes les images détaillées qui nous entourent. Il en est de même des musiques massives, des langages massifs, des danses massives (chamaniques), etc… qui sont non seulement des stades mais aussi des strates des musiques détaillées, des langages détaillés, des danses détaillées…

 

Stance

De la racine indoeuropéenne *st (stare, istèmi, stehen, staan, station, stance). L’auteur regroupe le « geste », « l’œuvre », et le « style-manière » sous le terme de « stance ». Dans les trois cas, il y a une forme de stabilisation, séjour, repos, arrêt [comme dans le terme instance d’ailleurs]. Les stances sont présentées comme des principes unificateurs participant à l’unité systémique d’Homo <11 H-I-J> au même titre que le rythme <11F>, ou la hiérarchie des fantasmes <11G>.

 

Stimuli-signal

Ne pas confondre avec stimuli-signe. Le stimuli-signal apparaît avec la vie, il y a 3 ou 4 milliards d’années. Lorsqu’une fleur s’épanouit au soleil, il y a la lumière du soleil (signal) et les réactions qu’elle stimule chez la fleur (stimuli). Lorsqu’un aigle fond sur une proie, il y a les mouvements de la proie (signaux) et les mouvements de poursuite qu’ils stimulent chez l’aigle (stimuli). Nous sommes là dans l'ordre des déclencheurs (réflexes, automatismes). Il n'y intervient pas ou guère d'arbitraire. (Voir aussi le terme stimuli-signe). Dans le stimuli-signal, il y a un passage irrépressible de la perception à l'action. Il n’y a pas de DISTANCIATION (voir ce terme).

 

Stimuli-signe

Ne pas confondre avec stimuli-signal. Anthropogénie parle de stimuli-signe dans le cas où les stimuli-signaux (du monde animal) et les signes (propres à Homo) interagissent étroitement, comme dans la sexualité hominienne par exemple. Il convient alors de parler de « stimuli-signe », et même d’« effets de champ » en général <7H>. (Voir aussi les termes effet de champs et signe).

 

Strate

Ne pas confondre avec stade (voir  terme). Une strate est un élément (une couche) plus ou moins profonde. Par exemple chaque image détaillée comporte une couche (profonde) d’image massive.

 

Structure

Anthropogénie utilise ce mot pour désigner des constructions, dont se dégage généralement des lois de construction. La mathématique a souvent été désignée comme la théorie des structures. On retrouve les structures dans les productions hominiennes telles que les systèmes architecturaux, musicaux, philosophiques. <7F>. [Rappelons que les productions d’Homo sont de trois types : les structures, les textures, les croissances (voir ces termes)].

 

Sujet d'oeuvre

L’auteur utilise ce terme, dès 1959, dans Les arts de l’espace. Il s’agit de la conception du monde « activée » par une œuvre (voir ce terme). Plus tard, dans Anthropogénie le "sujet d'œuvre" sera élargi au "destin-parti d’existence" (i.e. la topologie + cybernétique + logico-sémiotique + présentivité) qui est activé par l’œuvre.

Ainsi, le sujet (d’œuvre) pictural d'une peinture est le destin-parti d'existence qu'elle active-passive du fait qu'elle est une peinture (traits, taches), et indépendamment du sujet scénique qu'elle propose (tel personnage, tel événement, tel paysage, tel objet d'une nature morte). Le sujet (d’œuvre) photographique d'une photo est le destin-parti d'existence qu'elle active-passive en tant que photographie (indices photoniques indexés par un cadrage, par un choix de pellicule, par une profondeur de champ, etc), indépendamment de son sujet scénique. Etc. <11I3>.

Les sujets d’œuvres peuvent être ceux d’un groupe [les impressionnistes, les cubistes], ceux d’un individu [Picasso, Rubens]. Ils peuvent être figuratifs, ou abstrait. Ils peuvent être « conformes » ou « extrêmes » <11I3>.

La notion de sujet d’œuvre traverse toute l’œuvre d’Henri VAN LIER, de 1959 à 2007, jusque dans ses textes consacrés aux Cosmogonies contemporaines (2007). Pour les sujets d’œuvres picturaux, sculpturaux, architecturaux, voir Les arts de l’espace (1959). Pour les sujets d’œuvre littéraires, voir notamment Histoire langagière de la littérature française (1989). Pour les sujets d’œuvre photographiques, voir Histoire photographique de la photographie (1992)

 

Syllabe

Molécule de voyelle(s) et de consonnes(s). D’un point de vue physique et physiologique, tout se passe comme si la voyelle, dont l’énergie est forte et les formants nets, et qui se répand continûment dans l’air, appelait la consonne, dont l’énergie est faible et les formants peu nets, mais qui l’articule. <16A1>.

 

Synodie (synodie neuronique)

Anthropogénie défini les « synodies neuroniques » comme des ensembles de neurones proches ou parfois très lointains, homogènes ou hétérogènes, qui, à travers des interactions de toutes sortes, sont activés ou désactivés plus ou moins ensemble au cours d'une même opération perceptive et motrice (synodia, ôïdè, sun, chant concertant).

Des exemples de synodies seraient les ensembles de neurones activités ou désactivés ensemble lors des comportements distincts d’un chien qui se dirigerait vers une nourriture, un partenaire sexuel, un congénère de jeu, un objet lancé, son maître, etc… <2A2c>.

Chaque synodie comprend au moins six facteurs basaux reconnus classiquement à tout comportement animal : (1) stimuli-signaux, (2) programme moteur, (3) impulsion (drive), (4) imprégnation, (5) conditionnement "pavlovien" (induction d'une réaction innée par un stimulus précurseur acquis), (6) conditionnement "opérant" (essai, erreur punie, réussite récompensante).

 

Syntaxe

La syntaxe d'un langage (parlé) n'est qu'une intervention, une manipulation phonosémique, au sein de la syntaxe préalable (syntaxe techno-sémiotique) de l'événement (Sachverhalt). Tout langage (parlé) intervient dans un environnement déjà technicisé, segmentarisé en chose-performance-en-situation-dans-la-circonstance-sur-un-horizon. Dans cette formule les prépositions en, dans, sur sont plus importantes que les substantifs. [Chaque événement a déjà une syntaxe, chaque environnement est déjà segmentarisé.] Le seul vocable **rat" par exemple désignera "il y a un rat à poursuivre, à fuir, à compter comme mort, à manger", selon la circonstance.

Bien plus, une suite de propositions indique généralement, moyennant la syntaxe techno-sémiotique de l'événement, et aussi quelque phrasé, si le rapport de deux propositions est temporel, causal, consécutif, final, concessif. Si l'on fait l'économie des complications de coutumes, de rythme, de plaisir, de jouissance, il faut sans doute fort peu de syntaxe grammaticale, quoique beaucoup de syntaxe d'événement, pour organiser un voyage sur la Lune <10D2c>. (Voir aussi le terme Kasus.).

 

Syntaxe-et-logique-massive

Syntaxe du langage massif (voir ce terme). Cette syntaxe est dictée par l’environnement dans lequel intervient le langage massif. Le vocable « **rat grain » désignera des choses différentes selon la syntaxe techno-sémiotique de l’événement où il intervient (vient-entre). [Par exemple « **rat grain » pourrait désigner selon le cas : le rat sort du tas de grain, le rat se cache dans le champ de grain, le rat mange le grain, le rat s’approche du grain, il faut manger le rat avec du grain, etc.]

On comprend alors l’efficacité croissante que le langage massif, vocalement rustre, a pu avoir dans un environnement de plus en plus technicisé par Homo. Ce qui évolua ensuite ce fut surtout la distance entre le geste technique, le geste langagier et le son langagier. D'abord les trois se recouvrant presque physiquement jusqu'à la magie. Puis le geste langagier se détachant du geste technique, et le son langagier du geste langagier, pour devenir de plus en plus distanciateur et endotropisant. Bref, le foyer se déplaçant de l'intergeste à l'interlocution <10D2d>.

 

Système

[Ensemble d'éléments en interaction entre eux et avec l'environnement.] Anthropogénie parle de système nerveux, sensoriel, visuel, olfactif, musical, phonosémique, écologique, bancaire, etc. au sens courant. Mais elle précise aussi qu’aucun système [qui est toujours une description faite par Homo] ne pourra jamais ressaisir le Réel, qui par définition est indescriptible <8E1>.

Anthropogénie présente les spécimens hominiens comme des systèmes globaux disposant de moyens suffisants pour assurer leur unité systémique <11>, et présente l’effet amoureux, entre deux systèmes hominiens, comme un véritable intersystème <11L2>. Plus précisément le spécimen hominien est un système physique et vivant, et même un système techno-sémiotique, qui a la propriété de produire des objets techniques et des signes, par exemple des indices, des index, des tectures, des images, des chants, des dialectes, des écritures, des mathématiques, des logiques, des physiques, des ontologies, des épistémologies, des anthropologies. Enfin, c’est sa caractérisation comme système parmi les systèmes qui indique la situation d’Homo dans l’Univers <11O>.

 

Systémique (Adjectif)

[Qui forme un système, a les propriétés d’un système ou agit sur un système dans son ensemble]. Anthropogénie parle de l’unité systémique du système qu’est un spécimen hominien <11>, de la circularité systémique soupçonnée par Leibnitz <19D5>, de la stabilité systémique qui pourrait expliquer que les philosophies ont peu varié <21C3>. Elle relève aussi que la musique est systémique partout par nature, et devient systématique avec la musique détaillée. <15E>..

 

Systémique (Substantif)

Systémique thématisée. [La systémique est un mode d'appréhension global des systèmes]. Anthropogénie parle de la systémique d’une culture <21C5>, d’un *Woruld (environnement) <11I1>, ou d’une mythologie. [En utilisant une approche toujours globale, la systémique permet d'aborder des sujets complexes réfractaires à l'approche parcellaire des sciences exactes issues du cartésianisme].

 

Systématique (Substantif)

[Une systématique est une systémique particulière]. Par exemple Anthropogénie évoque les systématiques végétales et animales [classements] <6G2>. Lorsqu’une systémique [appréhension globale des systèmes] est thématisée [en tant que telle] elle devient une systématique. <17G2>. Dans ce cas le système est thématisé comme système <21>. Anthropogénie remarque le rapport d'antécédence et de conséquence de la systémique d'une culture à la systématique d'une philosophie <21C5>.

 

Systématique (Adjectif)

Est systématique ce qui est réfléchi [ou agi] quant à (ou comme) un système. <21A>. Anthropogénie évoque une exégèse et une théologie systématiques en l’an 200 <13G>, les images tracées, peintures et sculptures produites traits par traits, donc de façon systématique <14J>, le traitement systématique du ton (musical) <15G3>, et la musique occidentale qui a été non seulement systémique [cohérente globalement], mais systématique (réfléchie comme un système) <15G4>.

[Le terme systématique a une application plus limitée que le terme systémique]. Toutes les saisies qu’Homo opère dans son environnement sont systémiques en raison des cohérences de ses signes. Mais ces saisies ne sont pas nécessairement systématiques, c’est-à-dire que les systèmes qu’elles créent ne sont pas toujours thématisés comme systèmes. <21>.

Dans son Post-scriptum – Limites et ouverture du système, Henri Van Lier présente Anthropogénie comme systématique [pensée comme un système], ou du moins systémique [ayant les propriétés globales d’un système].

 

Technème

Un technème est souvent défini comme un « élément technique minimum ». L’auteur l’évoque comme une molécule de technique, tout comme un glossème est une molécule de langage. Il va même jusqu’à dire que les glossèmes ne sont que des technèmes dont l'opérativité est mise en suspens, exactement de la même manière qu’il voit les signes comme des segments dont l’opérativité technique a été mise en suspens. Il s’intéresse particulièrement aux technèmes qui marquent une civilisation ou un peuple de manière importante : le pinceau de l’écriture chinoise par exemple. Et, bien sûr, il s’y intéresse aussi lorsque l’apparition d’un nouveau technème bouleverse l’organisation : l’électricité par exemple.

 

Technique

En français, la technique couvre les activités qui utilisent des outils et des processus, mais aussi ces outils et processus eux-mêmes.

Pour Anthropogénie, la technique commence avec l'outil, défini comme un instrument (voir ce terme) dès lors qu'il est articulé en panoplies et en protocoles. Pour l'auteur, l'animal connaît déjà l'instrument (bout de bois, pierre, etc.) qu'il fait intervenir entre son corps et son milieu, pour réaliser une activité. Mais il ne connaît ni la panoplie, ni le protocole (voir ces termes), dont les éléments sont pour Homo potentiellement échangeables, substituables, et permutables entre eux.

Pour l'auteur, la panoplie, aurait été déclenchée par la stature redressée et transversalisante d'Homo. Et, une relation BIO-TECHNIQUE se serait établie entre les propriétés du corps d'Homo (Transversalisant, panoplique), et ses capacités techniques. En retour, la technique se serait étendue au corps d'Homo distribué en panoplies d'organes (plus anatomiques) et en protocoles de systèmes (plus physiologiques), donnant lieu à des "images du corps", éventuellement très différentes selon les cultures <11D>.

L'outil et le processus technique entourent tellement de partout le spécimen hominien que celui-ci les habite <13B>. La technique est pour Homo son premier milieu (*Woruld), lequel n'est ni un moyen ni une fin. Elle le constitue littéralement <1B4>.

Dans Anthropogénie, l'ordre technique apparaît avec Homo, et précède l'ordre sémiotique. [Homo est d'abord un technicien (à distance par les outils), avant d'être un sémioticien (en distanciation par les signes).]

Cette définition de la technique serait applicable depuis plus de deux millions d'années.

Voir aussi le terme technème ci-avant. Et, voir la fiche thématique sur la technique (dans espace THEMATIQUES).

 

Tecture

Terme qui englobe l’architecture, le mobilier, et d’une manière générale toutes les constructions conjuguées d’Homo, qu’il s’agisse de structures (habitat), textures (vêtements), ou croissances (boiserie).

Tecture partage sa racine avec technè, la technique en général, et le tektôn grec était justement le charpentier. Du reste, la tecture est une soeur du tissage, - teksere est de même racine encore.

L'arbre que travaille le tecte (le charpentier) est à la fois structure, texture et croissance (voir ces termes). Les tectures font partie des réalisations les plus anciennes d’Homo (avant les images, les musiques, les dialectes). Et, c’est assez naturellement par elles qu’Anthropogénie ouvre sa 2ème partie, consacrée aux accomplissements fondamentaux d’Homo. <13A>.

 

Terme

Ne pas confondre « terme » avec « mot ». En grec, le terma désignait la borne. Selon Pascal, vers 1656, le « terme » est « un nom destitué (ou dénué) de tout autre sens », « pour n’avoir plus que celui auquel on le destine uniquement ». Pour Anthropogénie le passage du mot au terme marcha du même pas que le glissement du dialecte à la langue. Et le glissement du mot au terme fut encore accéléré par les besoins de la traduction technique. C’est un trait de la seconde Révolution industrielle, depuis 1950, que soit mise en place une discipline appelée terminologie, gérée par des terminologues. <17E1>. [La terminologie appartient au MONDE 3 - Discontinu].

 

Texture

Anthropogénie utilise ce mot pour désigner des structures comportant des irrégularités (irrégularité du fil d’un tissage, d’une pierre taillée, d’un cuir, etc.). On les retrouve également dans les productions hominiennes telles que les accords musicaux, les photos, les films. <7F>. [Rappelons que les productions d’Homo sont de trois types : les structures, les textures, les croissances (voir ces termes)].

 

Thème / Thématisé / Thématisation / Thématiseur

Faire d'un objet ou d'un événement un "thème", c'est le poser de telle façon qu'il soit prélevé, proposé au sens fort de « placé en face », qu'il devienne particulièrement présent. Le « thématisé » est mis en saillance (en ressaut) et/ou saisi avec sa prégnance (sa fécondité, sa résonance) <4A>. (Voir le terme saillance / prégnance)

[Ndlr : On pourrait dire qu’un lion chassant une antilope « thématise » cérébralement cette antilope. Mais ce serait une approximation. L’auteur distingue les stimuli-signaux <4H>, induisant un passage irrépressible de la perception à l'action et pouvant expliquer le comportement du lion. La notion de « thématisation », elle, maintient une distanciation technique et sémiotique propre à Homo.]

Au sens large, l’auteur parle de « thématisation », dès le chapitre 1, à propos de la danse (qui thématise le geste) voire de la marche (qui thématise le pas) <1>. Ainsi, la thématisation apparaît-elle avant le signe. Elle se développe notamment avec la technique (le tournevis thématise la vis, et inversement). Mais c’est avec le signe (thématiseur pur, qui ne fait rien d’autre que thématiser) qu’elle prend tout son essor.

[A toutes fins utiles, voici quelques exemples de thèmes : des thèmes spécifiques (proie, prédateur, grotte, ustensile, outils, chaleur, danger, etc.), des thèmes possibilisateurs (sourire, rire, larmes), des thèmes sociaux (faute, désir, conflit, fécondité), des thèmes d’échange (marchandise, monnaie), des thèmes philosophiques (présence-absence)].

Plus que le « thème » c’est la « thématisation » qui intéresse l’auteur. C’est par la thématisation (la mise en ressaut, en saillance, en prégnance) que naissent le thème et le signe (voir ce terme).

Anthropogénie invite aussi le lecteur à remarquer le lien entre thème (position) et segment (coupure), ainsi qu’entre thématisation et segmentarisation. Et, lorsqu’il s’agit de signes (thématiseurs « purs »), Anthropogénie indique qu'on ne peut thématiser que des segments. <4A>. A propos du langage, l’auteur souligne aussi qu’Homo parle fondamentalement par thème (et non par mots). <16G5>

L’auteur remarque aussi un lien possible entre thématisation et propriétés chimiques du cerveau. Une des propriétés les plus remarquables du computer cérébral, c'est qu'il combine les vertus différentes des conductions électriques, dans les neurones, et des conductions chimiques, dans les synapses. Or, ces réactions chimiques [dans les synapses] peuvent additionner les effets d'un nombre considérable de réacteurs chimiques qui s'entre-influencent pour provoquer, dans la transmission d'un neurone à un neurone ou d'un neurone à un organe, des renforcements, des atténuations, des compensations, des inhibitions d'inhibitions de toutes sortes. Si bien que les neuromédiateurs peuvent baigner vite ou lentement un nombre considérable de liaisons synaptiques de neurones concernant une fonction ou plusieurs fonctions, pour les activer ou les ralentir. Et il n'est pas impossible qu'en thématisant certains groupes d'objets, en contribuant à les transformer en bassins d'attraction, ces réactions chimiques interviennent dans la constitution des synodies neuroniques perceptivo-motrices. <2A4>

 

Théorie

Le terme théorie vise les saisies de l’environnement qui sont systématiques, donc réfléchies quant à leur système. <21A>. Il dérive de la theôria grecque qui privilégie la vue totalisatrice, intégrante, à partir d’une juste distance, se proposant de saisir des touts (actions, acteurs) composés de parties intégrantes. Ce terme théorie a l’inconvénient d’être étroit, mais c’est avec le monde grec (MONDE 2) que la saisie systématique a pris toute sa décision, et c’est sans doute pourquoi « théorie » et « theory » ont persisté et sont adoptés un peu partout pour désigner un système saisi comme un système <21A>..

 

Théorie des choses

Dans l’expression « Théorie des choses », le terme chose vise des éléments quelconques en tant qu’ils méritent l’intérêt d’Homo et par là créent un événement, ouvrant un champ d’indicialités appelant des indexations. <21A>. Ces « choses » peuvent être philosophiques ou scientifiques. La théorie des choses ultime, première, dernière est appelée philosophie <21C1>. Pour ce qui est des choses scientifiques l’auteur s’intéresse à la physique et à la biologie principalement. Tant pour la philosophie que pour la physique et la biologie, il retrace leurs évolutions au cours des trois derniers millénaires (chapitre 21).

 

Ton musical

Le ton est un son tenu-tendu, donc stable. Il est « tenu » parce que d’une certaine fréquence fondamentale qui lui donne son nom (par exemple do, sol, mi, etc.). <15A>. Il est tendu parce que capable de résonance [comme une corde tendue]. Un ton peut être produit par un diapason mais aussi par un instrument accordé (piano, flûte, etc.). L'idée attribuée à Pythagore de déduire tous les tons utiles du seul rapport de la quinte, 3/2 pour la fréquence, 2/3 pour la longueur d'onde, fascina la cosmologie et la morale pendant des siècles. <15E>. Voir aussi les termes « musique détaillée » et « langage détaillé ».

 

Ton vocal

Le ton vocal permet de produire des « phonèmes », et ainsi des éléments sonores suffisamment oppositifs pour que chacun d'entre eux (chaque phonème) puisse y être pointé ou suggéré par l'exclusion des autres phonèmes. Autrement dit pour que l'ensemble des productions et réceptions vocales puisse fonctionner macrodigitalement. (Voir aussi « langage détaillé »).

 

Topologie

[Etymologiquement étude des lieux (de l’espace)]. Anthropogénie s’intéresse à la topologie comme l’un des quatre référentiels qui permettent de décrire le destin-parti d’existence d’une époque, un peuple, un individu, un artiste <8H>.

L’auteur recourt aux concepts de la topologie dès le chapitre 7, consacré aux effets de champs, en particulier lorsqu’il aborde la topologie-cybernétique sexuelle, et les stimuli-signes sexuels d'Homo parmi lesquels les trois qui ont été le plus socialisés dans toutes les cultures sont la vulve, le pénis, les mamelles. A propos du tractus génital femelle des mammifères il relève que son anatomie exemplifie intensément la plupart des sept catastrophes élémentaires de la topologie différentielle : le pli, la fronce, la queue d'aronde, l'aile de papillon, les ombilics elliptique, parabolique, hyperbolique. Et que, de plus, par son accessibilité partielle, ce tractus active les couples de la topologie générale : ouvert/fermé, contigu/non contigu, continu/non continu, découvert/caché, proche/lointain, etc.

Anthropogénie utilise les concepts topologiques pour parler de "partition-conjonction sexuelle", mais aussi de "partition-conjonction universalisée", de "destin-parti d’existence", ou encore de "MONDE 1 (continu-proche), MONDE 2 (continu-distant), et MONDE 3 (discontinu)" . Voir ces différents termes.

 

Topologie différentielle

[La topologie différentielle s’intéresse aux sauts de « forme à forme ».] René Thom, obtint en 1958 une médaille Fields pour avoir montré qu’en topologie différentielle il y avait des catastrophes élémentaires en nombre limité, sept en tout : le pli, la fronce (catastrophe de Riemann), la queue d’aronde, le papillon, les trois ombilics hyperbolique, elliptique, parabolique.

 

Topologie générale

La topologie générale s’intéresse à la notion générale de « forme ». On y trouve des taux proche/lointain, englobant/englobé, contigu, non contigu, continu/non-continu, compact/diffus, ouvert/fermé, découvert/caché, chemin/non-chemin, etc. <8H>. Voir aussi le terme « destin-parti d’existence ».

 

Tout formé de parties intégrantes

C’est un tout formé de parties qui le rendent intègre [et où chaque partie renvoie au tout avant de renvoyer aux parties voisines]. Ce tout est fatalement distingué de son environnement. Il est aussi mathématisable. Cette notion apparaît dans la Grèce antique. Elle est bien illustrée par le nombre d’or <13G2>, ainsi que par l’idée attribuée à Pythagore de déduire tous les tons (musicaux) utiles du seul rapport de la quinte <15E>.

Dans le MONDE 2 (continu-distant) chaque partie renvoie d’abord à un tout (situé à juste distance comme un théâtre, ou très distant comme un cosmos ou un mundus). A contrario, dans le MONDE 1 (continu-proche) chaque partie renvoyait d’abord aux parties voisines (proches), sans forcément renvoyer à un tout.

 

Trait ou trait-point

Au paléolithique, prendre une pointe relativement dure, fixer grâce à cette pointe ou ce tranchant un point de départ, tirer en appuyant jusqu’à un autre point, point d’arrivée, peut paraître un acte naïf. Mais cet acte élémentaire est le trait. Et même le trait point. Dans l’univers, l’entrée en scène du trait ou trait-point fut sans doute aussi importante que celle de la transversalité. Le trait-point contenait le schéma, l’écriture, la mathématique, la logique. <14B1>.

Ces traits-points sont facilement indexables, étant eux-mêmes des index purifiés. Ils sont très opposables, ce qui fait d’eux d’excellents objets de la désignation par exclusion au sein d’une panoplie, donc d’une macrodigitalisation. Ils sont très substituables ; ils fournissent le départ de la mathématique. <14A6>

 

Transversalisant (corps d'Homo)

[Le plan transversal est celui d’un écran de cinéma face à nous.] La transversalité est une des clés qui distingue le corps d’Homo de celui de l’animal <1A2>. Par sa station debout, Homo « fait front » à son milieu. Il perçoit son environnement selon une multitude de plans transversaux-frontaux [avant-plan, plan médian, arrière-plan]. Le corps d’Homo s’inscrit d’abord dans un plan transversal (frontal), tandis que le corps de l’animal s’inscrit d’abord selon un axe rostral (tête-queue, avant-arrière). Cette stature transversale, face à un environnement étalé devant lui, invite Homo à opérer des clivages/reclivages, des découpes, des segmentarisations [visuelles et mentales] de cet environnement. Il parvient ainsi à une certaine domination transversalisante de cet environnement, en guise de parade à la fragilité physique et psychique qui accompagnent la station debout <25B1>.

 

Ultrastructure

[Les ultrastrucutures sont visibles au microscope électronique]. Anthropogénie utilise ce terme à propos du vivant dont les ultrastructures sont produites à partir de (re)séquenciations d’éléments dynamiques. Les ultrastructures sont sous-jacentes aux structures et textures.

Dans certaines musiques contemporaine par exemple on trouve des (re)séquenciations où « sous les structures et textures déséquilibrées, sont favorisées des ultrastructures métastables » et où « les ultrastructures jouent là un rôle aussi important que les structures et les textures ».

Dans le domaine de la peinture contemporaine on trouve aussi des cas où « Les structures et les textures, sans être niées, ne sont jamais accomplies, ni mêmes cernables ni discernables, à peine nommables (et où) leur affleurement fugace n’est là que pour rendre sensible le travail des ultrastructures dont elles sont les émergences transitoires, métastables <Monographie Micheline LO, page 26>.

 

Univers

Emprunté au latin universum (versus unum). [Familièrement « ensemble de tout ce qui nous entoure », que ce soit organisé ou désorganisé]. Ne pas confondre avec Cosmos (voir ce terme). Dans Anthropogénie : Homo est un événement de l’Univers, son cerveau et son corps sont des états-moments d’Univers (voir ce terme), un signe est un segment d’Univers, la partition-conjonction est une disposition de l’Univers (terrestre). Dans l’Univers il n’y a que des fonctionnements (descriptibles) et des présences (indescriptibles).

 

Ustensile

Un ustensile a la même définition que l’outil (voir ce terme). Mais son usage diffère. L'outil a un usage tranché et saillant, l'ustensile un usage pervasif (répandu) et prégnant (plein de quelque chose). On parle couramment d’ustensiles de cuisine. (Voir le terme outil)

 

Vagation

[Ecart persistant par rapport à une conduite normale]. Les exemples de vagation d’Homo (X-même) pris par l’auteur sont les suivants : Chamanisme et vaudou / Yoga, rapt et guises / Hallucinations et démences. Dans chacun de ces exemples il y a des substitutions et recouvrements entre Même (Moi-même, X-même) et Autre.

 

Vêtement

Amplificateur et fixateur du geste (voir ce terme) <14C3>. Les vêtements, comme les images, sont macrodigitalisants en ce qu'ils divisent le corps diversement, en deux, en trois, en quatre segments essentiels, au point de le globaliser en une panoplie-protocole de parties exclusives l'une de l'autre.

Et l’auteur ajoute « Si le vêtement réussit si bien à complexifier la stance du geste, c'est que dans sa structure (sa coupe, sa couture, ses motifs, son drapé) et dans sa texture (son fil, son tissage, son grain) il déclenche fatalement toutes les singularités des sept catastrophes élémentaires : pli, fronce, queue d'aronde, aile de papillon, ombilics elliptique, parabolique, hyperbolique. Sorte d'interforme entre les formes, croisant don et refus. » <11h2>.

 

*Woruld

Contraction de world, Weld, wereld. C’est le milieu d’Homo en tant que l’existence hominienne le thématise comme environ. C’est un milieu déjà technique <1B4>. Homo a tendance à ramener l’Univers à un *woruld <5H2>. L’auteur caractérise le milieu hominien (qu’il appelle *Woruld) de la manière suivante :
  • Il comprend des segments, panoplies, protocoles <1B1>,
  • Il comprend des outils, ustensiles, armes <1B1>,
  • Il comprend des choses (causes), des situations, des circonstances <1B2>,
  • Il comprend des horizons <1B3>.
Ce *woruld a sa propre « syntaxe et logique massive » (voir ce terme), qu’il dicte au langage massif (voir ce terme). Cette contagion entre la syntaxe de l’environnement hominien (*woruld) et la syntaxe du langage (massif, puis détaillé) est la clé qui permet de comprendre l’efficacité croissante que le langage massif, bien que vocalement rustre, a pu avoir dans un environnement toujours plus technicisé par Homo. <10D2c>.

 

X-même

[Cette notion correspond approximativement à celle d’identité d’homo. Identité que l’auteur voit comme un Etat-Moment d’Univers (voir ce terme). Plutôt que identité, l’auteur préfère utiliser l’expression X-même, parce qu’elle est non connotée culturellement.]

Le X-même apparaît en fin de chapitre <11>, puis au chapitre <30>. Il regroupe le moi-même, le toi-même, le lui-même, ou encore le « je-mon-le mien », « tu-ton-le tien », « il-son-le sien », et d’une manière générale tout ce qui concerne « le Même et l’Autre » (et la mêméité).

Dans le terme « X-même », le X suggère la variété, le Même suggère l’unité et le trait d’union suggère le lien entre la variété et l’unité. L’auteur préfère l’expression X-même à celle de X-self, parce que le self est commun à Homo et à l’animal <11K>. L’expression X-même ne concerne qu’Homo.
 
 
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