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ANTHROPOGÉNIES LOCALES - LINGUISTIQUE
 
LOGIQUE DE DIX LANGUES INDO-EUROPÉENNES
 
 
 
L'ALLEMAND ET LA FORGE
 
 

Durch alle Töne tönet / Im bunten Erdentraum / Ein leiser Ton gezogen / Für den der heimlich lauschet. Schlegel, cité par Schumann

 

3A. LE LANGAGE

 

Les mots allemands ne sont pas de simples parties intégrantes de la phrase, comme en français, ni de simples bouffées musicales, comme souvent dans le "phrase" anglais. Ce sont des cavernes bourrées de trésors ou d'explosifs, ou mieux des blocs d'énergies élémentaires tellement ramassées et enfouies qu'elles frôlent leur éruption. Ils sont 'heimlich', c'est-à-dire qu'ils appartiennent au 'Heim', à un domicile qui est en même temps un secret, une retraite par-dessous. Il faut les écouter attentivement, 'lauschen', d'une façon qui soit également 'heimlich', de haut en bas, en fouille. On doit donc attendre que le dispositif langagier favorise les insistances, et pour cela les ralentissements et les fragmentations presque cahotantes.

 

3A1. La phonosémie

Les retardements commencent avec la phonie. Sont fréquentes les consonnes doubles ou triples : 'erst', 'Herbst' ; de même que ces consonnes simples à implosion et explosion successives qu'on appelle des affriquées : 'Pferd', 'Kampf', 'Strumpf', ou la célèbre rime de Goethe : 'Gipfeln', 'Wipfeln'. Bien plus, les voyelles doubles des langues germaniques sont souvent ici du type aï, oï, encore sonorisées par la consonne suivante confirmant la résonance lointaine et descendante : 'ein', 'Rhein', 'Freud', 'Freund', 'Feuer'. A quoi s'ajoute la diction soufflée de certaines consonnes, mais aussi le 'Knacklaut', bref coincement glottal avant l'émission phonétique. Du coup, comme en français, et à l'inverse de l'anglais, les syllabes ont à peu près la même longueur et sont prononcées fermement. Sans quoi se perdraient leurs retournements, cahotements internes.

 

3A2. Morphologie et sémantique

Morphologiquement, les substantifs, les adjectifs et les articles se déclinent selon des cas multiples, comme en russe, et pas résiduellement comme en anglais, ce qui ajoute à leur poids. Il arrive même que leur radical varie sensiblement, 'mutter' (mère), 'mütter' (mères), ce qui leur confère un écho interne. "Die Mütter! Mütter! 's klingt so wunderlich", s'exclame Goethe dans le second Faust, et il y revient dans ses Entretiens avec Eckermann. D'autre part, les racines sont censées si riches que, par exemple, 'erkenn' (connaître) peut apparaître dans le verbe 'erkennen', dans le verbe substantivé 'das Erkennen', dans trois substantifs verbaux à nuances subtiles : 'Erkenntnis', 'Erkennung', 'Erkenntlichkeit'. Pourtant, il n'y a là aucune coquetterie morphologique, aucune obsession de la classe verbale, comme en français, puisque l'adjectif et l'adverbe ne se différencient point ; nous venons de rencontrer 'heimlich' pour l'un et l'autre. Le souci majeur est la profondeur sémique.

Du reste, les mots déjà si lourds se composent encore entre eux. Surtout, les millions de composés engendrables se proposent comme des noeuds de monèmes (unités significatives) identifiés. C'est que les composants ne s'y fondent pas, ils y cohabitent dans des tensions d'autant plus vives qu'ils demeurent intacts. En particulier, l'adjonction des terminaisons préserve généralement les radicaux : '-keit' s'ajoute à 'Ewig', et '-heit' à 'Gott' sans les altérer. En sorte que 'Ewig-keit' est entendu comme 'Eternel-ité', et 'Gott-heit' comme 'Dieu-ité', alors qu'en français 'éternité' et 'divinité', ou même 'déité', ont un rapport beaucoup plus évasif à leur thème. La chimie ou l'alchimie verbale ainsi produite est parfois innocente, comme dans 'Zahn-rein-ig-ungs-mittel', moyen de nettoyage des dents, pour dire 'dentifrice'. Mais elle crée aussi souvent des mixtes sémiquement et affectivement détonants. Revenons à 'Heim', dont les dérivés occupent plusieurs colonnes dans les dictionnaires. Il donne 'Heimat' (pays natal), déjà chargé. Mais aussi les composés 'Heimatkunde', 'Heimathafen', 'Heimatdorf', 'Heimatland', plus chargés encore. Par l'addition du possessif 'mein', la densité affective de "mein Heimatland" devient énorme.

Des préfixes plus ou moins détachables expriment (et donc suscitent) des mouvements physiques et psychiques, comme en anglais et du reste dans toutes les langues germaniques. Mais ici, selon la résonance en profondeur, les mouvements évoqués viennent s'appliquer à des monèmes déjà intenses, et par surcroît ils sont souvent eux-mêmes plus complexes qu'en anglais. Accouplé à 'heben' (soulever), le 'Auf-' de la fameuse 'Aufhebung' hégélienne évoque à la fois un soulèvement, un enlèvement, une suspension, une élévation, une substitution, une assomption, le relais, etc. La 'Ver-neinung' de Freud et la 'Ver-wandlung' de Kafka sont plus qu'une dénégation et une métamorphose. 'Er-' signale des opérations qui sont à la fois actives et passives, comme l'expérience vécue ('Er-leben', 'Er-fahren'), la reconnaissance ('Er-kennen'), et surtout l'éducation ('Er-ziehen'), dont la désignation latine et française signale seulement qu'il s'agit de conduire l'enfant (ducere) hors de quelque chose (ex). Selon la même logique de la langue, 'Ur-' confère au concept qu'il préfixe un caractère à la fois originel et réduplicatif : 'Urgeschichte', 'Urgrund'. Il peut même se redoubler en un ultime écho vers le fond, et nos premiers parents sont des 'Ur-ur-eltern'.

 

3A3. La syntaxe

Dans la syntaxe, l'inversion du sujet et du verbe, et surtout le rejet du verbe à la fin de la subordonnée, donc aussi l'attente parfois longue de la décision du verbe (va-t-on dire que tout ce qui précède est affirmé ou nié, construit ou détruit?), renforcent la structuration gigogne, l'étagement en profondeur, la disponibilité plus ou moins catastrophique à des événements ou des retournements en suspens. La place du déterminant est tantôt avant, tantôt après le déterminé, procurant des pondérations logiques : 'Die Menschengestalt', mais aussi Die Bestimmung des Menschen chez Fichte. Elle permet, dans la première phrase de la Métamorphose, la terrible et cocasse suite iambique : "Er lag/ auf sei/nem pan/zerar/tig har/ten Rücken", en quoi consiste désormais Gregor Samsa, transformé dans son lit en une énorme et chitineuse vermine, "zu einem ungeheueren Ungeziefer verwandelt". (On remarquera combien la métamorphose, qui en Inde solubilise, ici contracte.)

La déclinaison en cas multiples non seulement intensifie le mot mais, par les fonctions souples qu'elle implique, permet d'unifier la sentence, selon la structure indo-européenne, tout en l'habitant de forces en tensions. Nietzsche interroge : "Wohin kam die Träne meinem Auge?" : vers quoi (wohin) est venue (kam) la larme (Träne) pour mon oeil (meinem Auge, datif). Il y a là deux mouvements, où la traduction : "Que sont devenus les pleurs de mes yeux?", sauve "Wohin kam", mais pas le datif "meinem Auge", devenu un simple déterminatif de "Träne", alors qu'il s'agit d'une relation tangentielle. La structure de certaines phrases allemandes fait ainsi penser à la tectonique des plaques terrestres, où des éléments se jouxtant de façon tantôt dérivante tantôt frontale provoquent des soulèvements et des effondrements terribles. Assurément, ces collisions syntaxiques supposent la densité déjà notée des monèmes. De par la "femellité" de 'Weib', "Mann und Weib und Weib und Mann", dans leur chiasme phonique, monématique et syntaxique, estime le Mozart de la Flûte, "reichen an die Gottheit an", confinent intimement (an...an) à la divinité, à la "dieu-ité". On conviendra que dans la structure du français, malgré le chiasme, la déification du couple n'a pas lieu.

 

3A4. L'écriture

Jusqu'à hier l'écriture gothique répercuta dans les textes cette germination grouillante, ces retournements sur soi ; et le quotidien Frankfurter Allgemeine, qui se qualifie éloquemment "Zeitung für Deutschland", la maintient encore pour quelques titres à la une. Du reste, même dans la graphie actuelle, les substantifs et les verbes substantivés demeurent majusculés, ce qui conforte leur poids monématique. Rien que par sa majuscule, "das Denken" dans un texte de Heidegger pèse plus lourd que "le penser", et surtout que "la pensée", dans la traduction française. Articulant ces concentrations et frictions successives, la ponctuation est puissante, parfois jusqu'à l'encombrement. Telle la virgule qui sépare canoniquement la principale de la proposition complément d'objet direct. Ou encore le point et virgule du cri nietzschéen : "Ein Ungestilltes, Unstillbares ist in mir; das will laut werden".

C'est sans doute le verbe 'klingen', le 'sonner' de la cloche lourd, lointain, double, impur, archaïque, qui marque le mieux l'étonnement à la fois ravi et effrayé du locuteur allemand devant les mystères de cette sonorité, cette sémantique, cette syntaxe abyssales. Nous l'avons rencontré chez Goethe : 's klingt so wunderlich ; il était déjà chez Mozart : "Das klinget so herrlich, das klinget so schön". La flûte enchantée, ou plutôt enchantante, Die Zauberflöte, fondatrice de l'opéra allemand, et qui en épuise les possibilités, insiste Wagner, est pour finir la langue allemande elle-même.

Zarathoustra incarne pleinement ce double mouvement langagier, fait d'abord d'une pression en retour ou en profondeur (zurücktrekken), puis d'un éclatement (brechen aus), c'est-à-dire d'une pression éruptive ou d'une condensation déflagrante : "Ich trinke die Flammen in mich zurück, die aus mir brechen". Toute traduction à partir de l'allemand est décompressive, surtout vers l'anglais, où le second Faust est réputé intraduisible. Les seules langues à densité comparable auront été le grec ancien, et à certains égards le sanskrit. Aujourd'hui le russe.

 

3B. LES CONSONANCES CULTURELLES

 

Nietzsche vient de nous parler de flammes (Flammen), et Schlegel-Schumann, dans notre épigraphe, de rêve de la terre (Erdentraum). En effet, ce langage est celui d'un monde d'éléments, en particulier des quatre Eléments grecs : terre, eau, air, feu, saisis dans leurs conflits permanents et primordiaux. C'est eux, comme 'Anfangsgründe', comme fondement du commencement, qui sont l'origine des formes, qu'ils défont en même temps qu'ils les engendrent, selon l'Amour et la Haine d'Empédocle.

Philosophiquement, ces éléments sont si archaïques, si grouillants, qu'ils ne sauraient être les substances cartésiennes, ni les qualités sensibles (sense data) anglaises. Ce sont les possibles, dans leurs terribles jeux. Recherche des possibles et des compossibles comme tels, chez Leibniz. Recherche des conditions de possibilité transcendantales, donc de tout objet comme objet, chez Kant. Déploiement des possibles jusqu'à l'engendrement dialectique du concret, chez Fichte et Hegel. Point de tabula rasa cartésienne, mais un départ qui est toujours déjà un champ, comme la suffocante prolifération des cogitata husserliens. Conjonction initiale de Dieu et du Diable pour qu'il y ait un monde, selon Goethe. Car les éléments ne sont féconds que dans leur guerre héraclitéenne ("polemos pantôn men patèr esti"), dans leur négativité hégélienne. D'ailleurs, la saisie des possibles suppose une double pureté (Reinheit) : celle de la pure multiplicité (reine Mannigfaltigkeit), d'une part ; et de l'autre, celle des formes a priori de la sensibilité, des catégories de l'entendement, des idées de la raison pure (Kritik der reinen Vernunft).

Ainsi, au détour de ce siècle, la langue allemande a été l'humus obligé de la phénoménologie, c'est-à-dire du dévoilement de couches sémantiques en apparition émerveillante, depuis l'essence illuminatrice. Et, en même temps, l'humus obligé de la psychanalyse, écoute des poussées occultes vers un fond, puis à partir d'un fond : Triebe, Verdrängung, Verneinung, Verschiebung, autant de termes qui désignent les mouvements des mots allemands à l'intérieur de la phrase, mais aussi à l'intérieur d'eux-mêmes. Si bien que, quand on déploie une topique du conscient, du subconscient, du contre-conscient, de l'inconscient, ou encore du Ich (Je), Uber-Ich (Sur-je), Es (Il neutre de "il pleut"), on ne sait trop si on parle de la psychè humaine ou de la phonétique, de la monématique et de la syntaxe de la langue allemande.

Assurément, l'Absolu ici ne saurait être l'Etre parfait de Descartes, ni non plus le Boojum de Carroll. C'est l'Englobant, "das Umgreifende", dont parle Jaspers, à moins qu'on remonte à l'Intégrale des intégrales leibniziennes. La pression interne de la langue et de la foi (pecca fortiter et crede fortius) instituées par ce torrent psychique que fut Luther consonne avec des courants alchimistes, illuministes, faustiens, surhumains (übermenschlich). Goethe s'exclame : "Wie fass Ich dich, unendliche Natur?". Donc, point le Moi substantiellement individué de Descartes, mais le "Ich" indéfiniment générateur de Fichte, ou le "Je qui est un Nous, le Nous qui est un Je" de Hegel, dans l'inquiétude sans repos de l'adéquation de la conscience et de la substance universelles.

Et du même coup, avant même la psychanalyse et la phénoménologie, ce fut dans cette aire de langage un siècle et demi de philosophie de l'histoire, des langues, des cultures et des civilisations, depuis Herder, Humboldt (qui n'aurait pas répugné aux considérations ici faites) jusqu'à Spengler. Dans Archipelagus, Hölderlin voyait l'océan principiel (pelagos archè) de l'Egée, comme un vieillard prétemporel : "Komm'ich zu dir und grüss'in deiner Stille dich, Alter!". Les quatre monèmes puissants de "Alter-tums-wissen-schaft", la science de l'antiquité, qui a fini par s'épanouir en comparatisme indo-européen, ont sonné haut à travers tout le XIXe siècle. Le dictionnaire étymologique de la langue russe qui fait toujours autorité fut édité à Heidelberg par Max Vasmer. Encore aujourd'hui, les encyclopédies allemandes, conçues pour un "Fachmann" se plaisant à la pullulation grouillante du détail, contrastent avec le jardin à l'anglaise (évolutionniste) d'Encyclopaedia Britannica, comme aussi avec le jardin français d'Encyclopaedia Universalis, qui conjoint la vue synthétique et l'article d'auteur.

Beethoven considéra la musique comme "une révélation plus haute que toute sagesse et toute philosophie". C'est que la structure et le fantasme déflagrants de l'allemand se réalisèrent au mieux dans l'"allemande", dans l'épaisseur de la fugue, dans le redoublement de la note de l'aria, chez Bach, projetant d'approcher dans les Variations Goldberg jusqu'à la pensée divine. Dans le son vrillé en profondeur et le phrasé contrarié, chez Mozart. Dans le devenir sonore à partir du bruit, chez Beethoven. Dans le décalage harmonique continu entre les deux mains, chez Schumann. Dans la fusion lointaine de l'origine chez Wagner. Partout avec cette volonté de variations (Variationen), voire de transformations (Veränderungen, op. 12O), que les philosophes disaient dialectiques. Le meilleur commentaire de Beethoven est sans doute Hegel, et réciproquement.

La peinture devait être réduite, tout en travaillant également à attiser des éléments en conflits ou en condensations déflagrantes, non sans effets chromo, à travers les rétorsions du Crucifié de Grünewald, les bannières grouillantes de Altdorfer, les appas tordus de Cranach, les tensions psychiques et graphiques des réformateurs de Dürer, sans compter les éclaboussures des expressionnistes du début de ce siècle. C'est dans cette aire de langage que l'Actionnisme devait aller le plus loin, jusqu'à l'autocastration publique de l'Autrichien Schwarzkogler, jusqu'au tournage de l'agonie d'un ami américain par Wim Wenders. Le tambour de Günther Grass est un "Blechtrommel", un tambour de fer-blanc, non de peau. Comme les vocables allemands, le parfum de Das Parfum de Süsskind contient tous les parfums du monde, avec toutes leurs catastrophes, dont il serait trivial (alltäglich, dirait Heidegger) de se demander si elles sont bénéfiques ou maléfiques.

La densité est si grande qu'elle ne laisse guère place à la distance de l'humour. Ni non plus à l'érotisme tempéré. La sexualité est déflagrante comme le reste : Hannah Schygulla n'est pas Catherine Deneuve. Au théâtre, le Kaspar de Peter Handke et le comique de Didi montrent la même frayeur devant la dynamique infernale du langage et du monde. L'image télévisuelle et photographique est d'ordinaire frontale, arrêtée, d'une extrême compacité graphique et colorée.

Dans les moeurs, c'est la volonté de maintenir à la fois la discipline et la grossièreté, à la chinoise. Une cuisine aigre-douce, 'sauer-süsse'. Une ouverture à tous les possibles moraux qui fait penser à l'indifférence et à la disponibilité indiennes depuis Schopenhauer, mais avec un coefficient d'effraction. Dialectique militante de la société chez Marx, dialectique militante de la nature chez Engels, conception cataclysmique de l'écologie chez beaucoup de Verts contemporains. Politiquement, pas de centralisme français, ni de royauté symbolique anglaise, mais, sous le vol de l'aigle noir du Reich millénaire et flottant, et à côté de la Realpolitik d'ensemble, une politique locale exprimant la vitalité de Länder multiples, chacun étant un mélange compact d'éléments premiers et lointains, non sans patois et dialectes. En contraste avec le souci urbanistique français, globalisateur, des agglomérations plutôt que de vraies villes.

Faut-il aller plus loin, et voir un lien entre l'alchimie ancienne et la tradition de la chimie actuelle, sous la croix emblématique de BAYER? Ou remarquer que c'est un locuteur allemand, Alfred Wegener, qui promut l'idée de la tectonique des plaques et de la dérive des continents? La première de ces consonances est sans doute beaucoup trop lâche, et la seconde beaucoup trop serrée. En revanche, les théories de l'école mathématique et logique qu'évoquent les noms de Leibniz, Riemann, Klein, Dedekind, Cantor, Frege, Hilbert ont certainement trouvé un "Heimat" fécond dans ce système langagier.

De même, on ne survolera pas distraitement la triple parenté que nous avons été amenés à signaler lointainement avec la Chine et l'Inde (la croix gammée est le swastika), et de très près et constamment avec la Grèce présocratique. Les seules éditions et traductions valides des présocratiques restent celles de Kranz. En 1939, il en fit une courte anthologie bilingue, Vorsokratische Denker, un des grands livres de l'humanité, qu'il jeta comme une bouteille à la mer avant la Deuxième guerre mondiale.

 

Henri Van Lier

in Le Français dans le monde, 1989